Actualités du 01/07/2024

Charles Lorin
July 5, 2024

Dans les actualités RSE de la semaine, nous allons parler d’un sujet brûlant, la CSRD. Nous vous partageons les retours des premières entreprises qui se préparent à la CSRD à travers l’enquête de C3D.

Autre sujet intéressant, l’alimentation avec deux nouvelles. La première sur le rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et de l’OCDE, qui indique que mettre fin au gaspillage alimentaire permettrait d’éviter à 153 millions d’individus de souffrir de sous-alimentation ! Et la deuxième, la consommation de bio est en baisse selon le Crédoc…

Retrouvez toutes les actualités RSE dans cet article.

CSRD : 63 % des entreprises envisagent de recruter

Le C3D (collège des directeurs du développement durable) a réalisé une enquête sur l’impact de la CSRD dans les entreprises. Elle interroge un panel de 85 représentants de grands groupes français concernés par la norme européenne.

Les grands chiffres qui ressortent de l’enquête sont les suivants :

  • 63% envisagent de recruter pour mettre en place la CSRD (dont 39% en équivalent temps plein)
  • 57% affirment avoir déjà commencé leur analyse de double matérialité
  • 57% jugent la CSRD très coûteuse

Le budget d’accompagnement externe déjà engagé par 53% des entreprises est compris entre 50 000 et 200 000€. Pour 19% d’entre-elles, il se porte à plus de 200 000€.

Lufthansa augmente ses prix pour protester contre les normes environnementales

Le premier groupe aérien d’Europe annonce une “surtaxe environnementale” directement reportée sur le prix de ses billets. Ainsi, jusqu’à 72€ supplémentaires seront à la charge du consommateur dès janvier 2025. La compagnie justifie la mesure par “les coûts croissants résultant des exigences réglementaires”.

Autrement dit, les carburants aériens durables imposés pour 2025 ou encore la fin des quotas gratuits sur le marché carbone européen ne satisfont pas la compagnie qui décide de faire peser le coût de la responsabilité environnementale sur ses consommateurs.

“72 euros c’est juste pour rallier les usagers contre les normes environnementales. C’est une pure opération de communication pour faire pression sur les décideurs”. Jérôme du Boucher, expert aviation au sein de l’ONG “Transport et Environment”.

Un bon reporting implique-t-il une bonne transformation de l’entreprise ?

Les entreprises se mobilisent pour construire des rapports de durabilité qui répondent aux nouvelles exigences de la CSRD. Toutefois, on peut “faire un très bon reporting CSRD, sans pour autant faire bouger vraiment votre modèle vers la durabilité” indique Patrick d’Humières, spécialiste du management de la RSE.

Ainsi, la question se pose du réel pouvoir de transformation de la CSRD sur les modèles d’entreprise. En effet, en l’absence de sanctions fortes de la part de la réglementation, rien ne garantit que les sociétés concernées par l’obligation de reporting adoptent des politiques RSE réellement ambitieuses.

Pour faire face à cet enjeu, certains spécialistes proposent d’adopter une fiscalité différenciée pour les entreprises les plus engagées, voire de mettre en place des sanctions pour les inciter à la responsabilité.

L’IA émet toujours plus de GES

Dans un rapport, Google fait savoir que les besoins croissants de l’IA génèrent une quantité grandissante de GES. En effet, à mesure que le temps passe, la puissance informatique et énergétique requise pour faire fonctionner les serveurs et les centres de données ne cesse d’augmenter.

Ainsi, en 5 ans les émissions carbone de Google marquent une évolution de +48%, soit 14.3 millions de tonnes de Co2, directement liée à sa consommation d’énergie. Autrement dit, en tant qu’outil nécessaire à la croissance des géants de la tech, l’IA devient un enjeu central de leur impact environnemental.

Amazon, Microsoft et Google s’engagent pourtant à respecter des trajectoires ambitieuses de neutralité carbone pour 2030 ou 2040. Un de leur objectif commun est de trouver une alternative à la grande consommation d’eau, à ce jour massivement utilisée pour le refroidissement des serveurs.

Le directeur de la SBTi démissionne sous la pression

La Science Based Targets initiative (SBTi), partenariat international qui vise à promouvoir la transition bas-carbone des entreprises, a annoncé la démission de son directeur général. Luiz Amaral a signalé sa décision au conseil d’administration après 2 ans et demi à la tête de l’initiative.

C’est dans un contexte tendu de questionnements au sujet de la compensation carbone des entreprises qu’a lieu cette démission. En effet, les personnels ainsi que des experts du climat ont reproché à la direction de la SBTi leur intention de permettre aux entreprises de compenser leurs émissions via des crédits carbone.

Une controverse qui oppose deux visions de la RSE : l’une qui admet la compensation pour accompagner les entreprises à la décarbonation de leur chaîne de valeur, l’autre qui affirme la nécessité “d'arrêter d'émettre dès le départ”.

Mission 2025 : une coalition internationale pour l’environnement

Acteurs publics et privés (entreprises, investisseurs, maires, gouverneurs...) soutiennent une poursuite des efforts en matière environnementale à l’heure où d’importants reculs sont observés. Sous le nom de Mission 2025, ils portent l’ambition de “pousser les États du monde entier à tenir leur promesse et à présenter des engagements climatiques”

Cette initiative se fonde sur le constat que de nombreux pays ou géants industriels et financiers tendent à abandonner leurs engagements climatiques. Ainsi, Mission 2025 veut réfuter les arguments défaitistes au profit d’un discours porteur d’ambitions.

L’Energy transitions commission (ETC) a récemment affirmé que les progrès et le coût en baisse des technologies bas-carbone impliquent que “les plans climatiques des gouvernements pourraient être au moins trois fois plus ambitieux”.

Construire des futurs compatibles avec les limites planétaires

Thomas Gauthier est professeur à l’emlyon business school et travaille sur l’impact des entreprises sur la construction d’un monde durable. Il donne une chronique aux Echos il défend un modèle d’entreprise véritablement ambitieux qui sorte d’une logique purement financière au profit d’une prise en compte stratégique des limites planétaires.

Il plaide pour que les entreprises prennent des “décisions radicales”, en faisant passer la priorité environnementale devant la priorité financière. Ainsi, la gouvernance de l’entreprise est certes à transformer, tout autant que “la conscience des actionnaires, des dirigeants, des clients et des salariés”.

En somme, les leaders doivent renouveler leur répertoire d’action pour accompagner le mouvement de transformation des modèles et des imaginaires de l’entreprise.

Diviser par deux le gaspillage pour diminuer la sous-alimentation

Le FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) ainsi que l’OCDE ont publié un rapport qui indique que mettre fin au gaspillage alimentaire de la production à la consommation permettrait d’éviter à 153 millions d’individus de souffrir de sous-alimentation, mais aussi de réduire de 4% les émissions de GES liées à l’agriculture.

Pour en arriver à ce résultat, il faudrait “diviser par deux le gaspillage alimentaire” d’ici à 2033. Une part très importante de la situation est imputée à la surconsommation. La moitié des pertes concernent les fruits et légumes, qui se conservent moins bien et moins longtemps.

Les organisations internationales font valoir que la baisse du prix et l’augmentation de la production devraient améliorer l’apport alimentaire des populations les moins dotées économiquement.

La consommation bio est en baisse

Le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) publie une étude sur l’influence des critères d’achat durable dans les pratiques de consommation alimentaire. Leur constat est clair : l’intérêt en baisse des consommateurs pour les produits respectueux de l’environnement et du bien-être animal.

Ainsi, entre 2021 et 2023 la volonté de consommer des produits biologiques a diminué de 9%. Aussi identifient-ils une baisse de 5% du nombre de consommateurs associés à la catégorie des “engagés”.

Enfin, l’autre grand constat de leur étude concerne le niveau de vie des consommateurs qui adhèrent à une consommation durable : “les plus aisés sont plus nombreux” à consommer bio. De fait, inflation et baisse progressive de l’intérêt pour les questions environnementales sont les deux variables lourdes de leur constat.

2 500 climatiseurs installés pour les JO

Engagement non tenu concernant la climatisation du village olympique à l’occasion des JO de Paris 2024. La promesse d’Anne Hidalgo n’aura pas résisté à la pression des délégations.

En effet, la raison sportive l’a emporté face à la raison écologique, faisait valoir les besoins importants de récupération des athlètes. Ainsi, ce sont 2 500 climatiseurs éphémères qui seront installés dans les quelques 7 000 chambres du village olympique.

En plus de cela, certains pays ont même décidé d’apporter leur propre système de climatisation. Ils sont toutefois incités à n’en prendre qu’un seul par habitation, et à n’utiliser que des dispositifs de “classe A”.

Les sources

Carenews “Recrutement, modèle d’affaires, budget... L’impact de la CSRD sur les entreprises”

Novethic “+72 euros pour un billet : la surtaxe environnementale de Lufthansa est-elle justifiée ?”

Novethic “La CSRD sera-t-elle vraiment transformative ?”

L’info durable “Les émissions de carbone de Google ont augmenté de 48% en cinq ans à cause de l'IA”

Zonebourse “Le directeur général de la Science Based Targets Initiative démissionne”

Novethic “Mission 2025 : des multinationales, investisseurs et gouverneurs s’allient pour contrer les reculs environnementaux”

Les Echos “Les dirigeants face aux limites planétaires”

L’info durable “Terrasser le gaspillage, c'est potentiellement 153 millions de personnes sous-alimentées en moins”

Carenews “L’achat alimentaire durable est en recul”

Reporterre “JO de Paris : 2 500 climatiseurs finalement installés”