Bienvenue dans les actus RSE de la semaine du 24 au 28 juin.
Au programme, une analyse des positions RSE des principaux partis pour les élections législatives, une hausse significative de l'engagement des actionnaires pour les initiatives durables, et un rapport alarmant sur l'impact du changement climatique sur le rugby. Les amateurs de ballons ovales risques d’être déçus…
Nous aborderons aussi l'amélioration de l'égalité femme-homme en entreprise, la gestion de l’éco-anxiété au travail, et les avancées de la finance solidaire en France.
Découvrez l’intégralité des actualités RSE de la semaine dans cet article.
RSE et élections législatives : qui dit quoi ?
Le média Carenews a publié un article qui compare les 4 programmes des grandes forces politiques en lice pour les élections législatives. Concernant la RSE dans son acception la plus restreinte, seuls le Nouveau Front Populaire et Ensemble se positionnent dans leurs programmes :
- NFP : Conditionnement des aides aux entreprises au respect des critères sociaux, environnementaux et de lutte contre les discriminations. Aussi, la mise en place de quotas de sous-traitants issus de TPE/PME et d’artisans locaux. Enfin, réserver un tiers des sièges du CA aux salariés.
- Ensemble : Un congé de naissance pour les deux parents de 3 mois “mieux indemnisé” est prévu. De plus, généraliser les pratiques de testing pour lutter contre les discriminations à l’embauche. Enfin, une expérimentation de la semaine de 4 jours pour les collaborateurs en incapacité de télétravailler.
L’engagement RSE des actionnaires en forte hausse
Le Diligent Market Intelligence rapporte que les actionnaires soutiennent trois fois plus qu’avant les démarches sociales et environnementales des entreprises en Europe. Une tendance que l’on suppose fortement influencée par les innovations réglementaires comme la CSRD.
En 2021, les propositions incitant à la publication des données de performances RSE sont soutenues à 6.2% en moyenne par les actionnaires. En 2024, ce chiffre se porte à presque 18%. Les investisseurs institutionnels semblent exercer une pression importante sur les entreprises pour les pousser à se conformer aux nouvelles exigences sociales et environnementales.
Enfin, les actionnaires pèsent dans ces négociations via leur marge de décision dans la rémunération des dirigeants (“say on pay”), en conditionnant leurs revenus aux performances RSE de l’entreprise.
Le changement climatique menace-t-il le rugby ?
L’organisme international World Rugby a publié un rapport qui interroge les effets d’une augmentation de la température mondiale sur les pratiques sportives. Il vise à anticiper la survenue d’événements climatiques extrêmes “sur le sport, ses athlètes, ses spectateurs, ses infrastructures et ses terrains”.
D’après leur hypothèse d’un monde à +2°C, 60% des pays étudiés traverseraient des canicules qui empêcheraient de jouer au rugby pendant au moins 10 jours chaque année. Mais aussi, 1 grand stade sur 10 serait exposé à “des risques de submersion”.
Cette étude permet de renouveler notre regard généralement, écologique et économique sur le changement climatique, en sensibilisant à travers le sport aux contraintes que le dérèglement ferait peser sur sa pratique.
Comment améliorer le respect de l’égalité femme-homme en entreprise ?
Alors que la loi doit protéger les femmes des injustices, certains comportements et mauvaises habitudes perpétuent une ambiance sexiste en entreprise. Voici quelques recommandations pour dépasser cette situation :
- Recruter des femmes aux postes à responsabilité : la différence de rémunération demeure de 24% entre hommes et femmes. En cause, le plafond de verre qui persiste à les maintenir à des postes à plus faible responsabilité.
- Reconnaître que les politiques égalitaires favorisent la croissance, qu’il s’agisse des performances de travailleuses épanouies ou bien d’un cadre de travail inclusif.
- Lutter contre les violences sexistes
- Combattre l’autocensure des femmes : à travers du coaching, des formations et une valorisation égale de toutes et tous, il est possible de mettre fin à une culture de l’autocensure.
L’éco-anxiété, un problème pour l’entreprise ?
D’après l’UNEDIC, 85% des actifs seraient inquiets pour l’avenir climatique et environnemental du monde. Parmi eux, 5% feraient face à une “peur chronique de la catastrophe environnementale”, susceptible de se muer en “détresse psychologique” (revue Confluence Sciences et humanités).
Les conséquences d’une telle anxiété ne sont pas sans effets sur le travail en entreprise. Sentiment de fatigue, impression de ne pas en faire assez, isolement... autant de facteurs qui favorisent le désengagement professionnel, voire le burn-out. De plus, l’éco-anxiété peut générer une dissonance entre les convictions personnelles et les obligations pro des collaborateurs.
Les risques psychosociaux sont de la responsabilité de l’entreprise, et l’éco-anxiété entre clairement dans cette catégorie. L’entreprise doit s’assurer d’identifier et accompagner les collaborateurs en proie à ce mal-être, dont l’origine est souvent professionnelle.
En France, la finance solidaire gagne en importance
La 22e édition du baromètre de la finance solidaire vient d’être publiée. Le président de FAIR, le collectif d’acteurs de la finance à impact social à l’origine de l’initiative, affirme à la lumière des résultats que la finance durable "gagne encore du terrain et s’installe durablement dans le paysage français"
L’an dernier, l’épargne solidaire atteint 0,5% de l’épargne financière totale des Français, contre 0,45% en 2022. Ces placements ont financé 680 millions d’euros de projets solidaires en 2023, avec une majorité d’initiatives à impact social (65%).
Ainsi, la finance solidaire a dépassé le seuil des 30 milliards d’euros d’encours, soit une croissance de +15%, notamment grâce au soutien de l’épargne salariale solidaire (2.7 milliards d’euros).
L’EDHEC radicalise son engagement environnemental
La stratégie 2024-2028 de la 4e école de commerce française envisage une trajectoire très ambitieuse d’investissement dans la finance climatique. Elle projette d’y allouer 270 millions d'euros sur quatre ans et de recruter 100 professeurs supplémentaires. Pour cela, l’EDHEC compte accueillir 12.300 étudiants, contre 8.600 aujourd'hui, passant d’un budget de 170 à 250 millions d’euros.
Son ambition affichée est de “radicaliser” son engagement par un “dépassement” du concept de RSE. Elle investit dans un centre de recherche, le Centre for Net Positive Business, qui vise à penser la notion d’impact positive de l’entreprise.
Enfin, l’école refonde son parcours pédagogique au profit d’une scolarité occupée à hauteur de 20% par des “ateliers de projets responsables”.
Le gaz fossile toujours au programme des grands électriciens européens
Beyond Fossil Fuels, une coalition d’associations, a analysé les plans de transition de cinq grands producteurs d'électricité européens. Ils constatent qu’en dépit de leur engagement en faveur du renouvelable, ils ne prévoient pas à court-terme de cesser leurs investissements dans les énergies fossiles.
Pourtant, le GIEC et l’Agence internationale de l'énergie (AIE) recommandent la date de 2035 pour arrêter de produire de l’électricité issue de matières fossiles.
A titre d’exemple, le français Engie prévoit de multiplier par deux son investissement dans le renouvelable, passant de 42 GW en 2023 à 80 GW en 2030. Cependant, l’année 2026 verra entre 1 à 2 milliards d’euros investis “dans de nouvelles centrales thermiques au gaz”.
Le Danemark va taxer les émissions des agriculteurs
Le Danemark prévoit d’établir une taxe sur les émissions de CO2 des exploitations agricoles pour 2030. Cette taxe carbone sur l’élevage est le fruit d’un compromis entre le gouvernement et les partenaires sociaux.
Le texte prévoit de taxer à hauteur de 300 couronnes danoises (40€) chaque tonne de CO2 dès 2030, puis 750 couronnes (100€) à partir de 2035. Mais, un mécanisme de défiscalisation de 60% ramène le coût réel à 120 (16€) puis 300 couronnes (40€) en 2035. De plus, les agriculteurs ayant investi dans des technologies qui permettent la réduction de leurs émissions seront exemptés de cette taxe.
Les représentants politiques sont majoritairement mitigés, partagés entre ceux qui trouvent l’accord trop timide et les autres qui y voient une décision susceptible de faire augmenter les prix et de menacer les emplois.
Déforestation : les grandes entreprises à la traine…
Un récent rapport du Carbon Disclosure Project (CDP) révèle que deux tiers des grandes entreprises parmi les 1 152 interrogées “ne parviennent pas à étayer leurs affirmations” avec des mesures précises en matière de déforestation. Pire encore, sur les 900 qui opèrent dans un secteur directement menaçant pour les forêts, seules 50% effectuent un reporting clair et crédible de leur influence sur la déforestation.
Pourtant engagées à l’éliminer de leur chaîne de valeur d’ici à 2025, “la majorité des entreprises sont encore loin d’être sur la voie” d’une activité sans déforestation, s’alarme Tomasz Sawicki responsable des enjeux liés à l’usage des terres au CDP.
Le rapport préconise une accélération des bonnes pratiques de reporting afin de favoriser la traçabilité des chaînes d’approvisionnement.
Les sources
Carenews “Législatives anticipées : le programme RSE et écologie des différents partis”
Novethic “Pourra-t-on toujours jouer au rugby dans un monde à +2°C ?”
Carenews “7 solutions afin de faire respecter l’égalité homme-femme dans votre entreprise”
Youmatter “Eco-anxiété au travail : comment y faire face ?”
Novethic “Les grandes entreprises encore loin du compte en matière de lutte contre la déforestation”