Cette semaine, dans les actualités RSE les entreprises font bouger les lignes, que ce soit en intégrant la durabilité au cœur de leur stratégie ou en faisant face à des défis complexes.
On découvre des initiatives inspirantes, comme le recyclage d’accessoires des Jeux Olympiques et des enjeux majeurs, comme la gestion éthique des chaînes d'approvisionnement.
Ces actualités montrent comment les entreprises innovent et s'engagent pour un avenir plus responsable
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Ernst & Young privilégie la RSE pour son prix de l'entrepreneur
Cette année, à l’occasion de l’édition 2024 du prix de l’entrepreneur d’Ernst & Young (EY) la RSE est retenue comme critère essentiel de notation. D’après Jean-Roch Varon, le nouveau président d'EY en France, “Une entreprise qui n'est pas engagée est une entreprise qui n'existera plus”.
Cette évolution des mentalités traduit une évolution des modèles, à l’heure où la RSE est largement reconnue pour ses effets positifs sur l’innovation et la croissance des entreprises. On remarque d’ailleurs que les entreprises familiales obtiennent de meilleurs scores que les autres : probablement car elles ont l’habitude d’envisager des stratégies long-terme, tel que l’exige la RSE.
Quant aux start-up, la RSE est même bien souvent la raison d’être de leur modèle d’affaires. 27% des candidatures au “prix de la start-up de l'année exercent dans la greentech”.
Travail des enfants : Shein dans la tourmente
Shein a découvert plusieurs cas de travail de mineurs sur sa chaîne d’approvisionnement. Cette annonce, effectuée par l’entreprise elle-même, intervient dans le contexte stratégique de son entrée en bourse, alors que les pratiques commerciales de cette enseigne de la fast-fashion subissent déjà de vives critiques.
Les deux cas de travail des mineurs ont été identifiés chez des fournisseurs de Shein situés en Chine à la suite d’un audit. Âgés de moins de 16 ans, c’est une situation flagrante de violation des règles internationales.
Estimée à 50 milliards de livres sterling, la valeur de Shein à la veille d’une éventuelle entrée en bourse pourrait en subir les retombées. D’autant que ses pratiques commerciales sont déjà critiquées : précarité des travailleurs, horaires excessifs, suspicion de travail forcé dans la région du Xinjiang et plagiats de certains designs de vêtements.
Des salariés porteurs de handicap recyclent des accessoires des JO
Un atelier de couture marseillais emploie des salariés en situation de handicap pour la confection de divers sacs, housses ou encore poufs à l’effigie de la Phryge. Une démarche inclusive qui entend donner une seconde vie aux bâches utilisées pendant les Jeux olympiques de Paris.
Ce sont 1 600 m² de toiles qui, issus des épreuves de voile et de football, sont recyclées à travers cette initiative. Ainsi, il s’agit d’une double valorisation à la fois sociale et environnementale.
Valérie Guarino, élue en charge du handicap au département des Bouches-du-Rhône, explique que le sens de cette démarche est de "faire du développement durable, économique et d'insertion sociale”.
Des indicateurs d’économie circulaire pour l’entreprise
La Fabrique Mesure de la Circularité est un think tank qui a réuni 16 entreprises ces deux dernières années afin d’établir une méthode qui vise à mesurer l’impact de la stratégie économie circulaire des business models. Ainsi, une série de 30 indicateurs sont le produit de ces consultations et entendent objectiver et quantifier la circularité économique afin “d’accélérer le déploiement du modèle”.
Jules Coignard, co-fondateur de Circul’R à l’origine du projet, fait savoir que les innovations normatives récentes ont un effet de clarification sur l’établissement des critères et des mesures d’impact. Il mentionne par exemple la CSRD, affirmant que sa ratification permet “d’accélérer la prise en compte du sujet par les entreprises”.
Le sens de la démarche est de recenser et d’employer les indicateurs déjà existants les plus pertinents, afin de permettre aux entreprises de les prendre en main le plus naturellement possible.
12 000 milliards échappent à l’impôt dans les paradis fiscaux
Les Nations Unies ont travaillé sur une trajectoire pour s’attaquer efficacement au problème de l’évasion fiscale. Selon l’Observatoire européen de la fiscalité, près de 12 000 milliards de dollars seraient logés dans des paradis fiscaux. Cela constitue 12% du PIB mondial.
Ainsi, les Nations Unies se sont accordées sur l’objectif de rédaction d'ici trois ans d'une convention sur la coopération fiscale internationale. Cela prévoit des mesures de taxation équitable des multinationales et de lutte contre l’évasion fiscale.
L’Observatoire européen de la fiscalité affirme que les “entreprises transfèrent environ 36% de leurs recettes réalisées hors du pays où elles ont leur siège social dans des paradis fiscaux”. Pour l’année 2022, le montant de ces pratiques d’évasion et d’optimisation fiscale s’élève à 1000 milliards de dollars.
L’UE attaquée en justice pour manque d’ambition écologique
Deux réseaux d’ONG, le Climate Action Network Europe (CAN) et le Global Legal Action Network, attaquent en justice la Commission européenne. Elles lui reprochent le manque d’ambition de ses objectifs climatiques à 2030.
Considérant que les objectifs fixés par l’UE ne sont pas le fruit des “meilleures données scientifiques disponibles”, les limites d’émissions et objectifs climatiques fixés par l’UE sont alors jugés “illégaux” par les ONG. Telle est la logique qui fonde leur action en justice.
Ainsi, une audience pourrait avoir lieu dès l’année prochaine à la Cour de justice de l’UE (CJUE) sur la base du droit européen de l’environnement, mais aussi de certains engagements internationaux. L’objectif des ONG est de revoir à la baisse les niveaux autorisés d’émissions au sein des 27.
Quand l’économie souffre du changement climatique
Bien sûr, les premières victimes du changement climatique sont les déplacés, réfugiés et toutes victimes humaines de son impact. Mais à une autre échelle d’étude, l’économie mondiale pâtit aussi de ses effets. Incendies de champs de canne à sucre, usines inondées, production automobile à l’arrêt... autant de pertes générées par des événements climatiques extrêmes.
“14 usines et 28 lignes de production mises à l’arrêt” au Japon par le groupe Toyota, qui anticipe l’arrivée du typhon Shanshan. Tandis qu’au Bengladesh, la production de textiles a chuté de 15 à 20% en raison d’inondations à répétition, une catastrophe pour l’économie nationale qui compte sur ce secteur qui fait du pays le 2e exportateur mondial.
Ainsi, favorisés par le changement climatique, ces événements climatiques extrêmes doivent pousser les entreprises à mieux anticiper, atténuer et adapter leurs modèles de production aux limites planétaires.
L’ADN environnemental, nouvelle méthode d’étude de la biodiversité
La Stratégie nationale biodiversité (SNB) du gouvernement français traduit la volonté de poursuivre les efforts de mise en œuvre de la convention sur la diversité biologique. Dans ce cadre, un grand projet de “recensement exhaustif de la biodiversité” est en préparation.
Pour le mener à bien, une nouvelle méthode dite de “l’ADN environnemental” va être utilisée. Cette technologie consiste à prélever des traces du vivant dans son milieu naturel pour les analyser ensuite en laboratoire.
Ainsi, cela est non-invasif pour les milieux naturels et les espèces qui y vivent. Plus respectueuse de l’environnement, cette méthode offre l’avantage de mieux connaître la biodiversité tout en préservant les écosystèmes.
Les banques préfèrent compenser plutôt qu’éviter les risques climatiques
Dans une tribune qu’il donne au Monde le financier Jérôme Courcier plaide pour que les logiques financières des banques, en particulier des banques centrales, aillent dans le sens d’une absence de risque climatique, plutôt que de leur seule compensation.
D’après lui, les banquiers préfèrent anticiper les risques par l’ajustement des marges plutôt que de réagir après coup en augmentant les fonds propres. Il leur reproche en particulier de se cacher derrière les limites de leur mandat (la prudence et la stabilité du système bancaire) pour ne pas prendre sérieusement en charge les enjeux climatiques.
Ainsi, il affirme que “La BCE doit relever le défi de l’incorporation du risque climatique directement dans les exigences de fonds propres des banques”.
L’ONU tire la sonnette d’alarme sur la montée des eaux dans le Pacifique
Un “SOS mondial” est lancé par l’ONU qui, à la suite d’une série de rapports et d’études, constate que la montée des eaux frappe les îles du Pacifique plus sévèrement encore que le reste de la planète. Pour cause, elles ont connu une augmentation du niveau de la mer de 15 cm ces 30 dernières années, contre 9.4 cm en moyenne sur les autres rivages mondiaux.
La situation est celle d’une grande injustice écologique, en ce sens que les petites îles du Pacifique rejettent de très faibles quantités de Co2 et sont pourtant les Etats les plus mis en danger par cette conséquence directe du changement climatique.
Cet appel a été lancé par Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui appelle à empêcher “une catastrophe mondiale” qui “met en péril ce paradis du Pacifique”.
Les sources
Les Echos “RSE, le nouveau critère pour évaluer les entreprises”
RSE Magzine “Shein découvre du travail de mineurs chez ses fournisseurs”
L’info durable “A Marseille, des salariés handicapés redonnent vie aux bâches des JO”
Youmatter “Economie circulaire : 30 indicateurs à suivre pour faire progresser son entreprise”
Novethic “Paradis fiscaux : les profits logés dans des pays offshore atteignent 12% du PIB mondial”
Novethic “Les objectifs climatiques de l’UE à 2030 attaqués en justice”
L’info durable “Biodiversité : qu’est-ce que l’ADN environnemental ?”
Le Monde, Tribune du 24 août de Jérôme Courcier
Le Monde “L’ONU lance un « SOS mondial » sur la montée des eaux dans le Pacifique”