Cette semaine, les enjeux RSE sont au cœur des discussions.
Entre défis climatiques, initiatives sociales et ajustements réglementaires, les entreprises et les institutions jouent un rôle clé dans la transformation vers un avenir durable. Voici les 10 faits marquants de la semaine qui redessinent les contours de la RSE.
Limiter les catastrophes écologiques coûte moins cher que de les réparer
La très prestigieuse revue scientifique Nature a publié un article qui corrobore un constat de plus en plus partagé par les chercheurs : les dégâts causés par les conséquences du changement climatique coûteront bien plus cher que l’investissement requis pour limiter le changement lui-même.
Dans cette étude qui se concentre sur la notion de “point de bascule”, l’hypothèse d’une fonte brutale de la calotte glacière est explorée par les scientifiques. Ils montrent que le franchissement de ce “tipping point” coûterait 4 fois plus cher “que de tenter de limiter les dégâts”.
Ainsi, cette notion de “point de bascule” est un outil utile pour comprendre les effets presque irrémédiables d’événements qui occasionnent des réactions en série qui échappent au contrôle humain, et conduisent à des dégradations écologiques majeures.
Des entreprises engagées contre les violences faites aux femmes
“Que peut faire l’entreprise pour contribuer à la lutte contre les violences conjugales ?” Telle était la question posée lors de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, lors d’une réunion des membres de OneInThreeWomen : premier réseau européen d’entreprises engagées contre les violences conjugales.
Une première réponse, considérant que les violences sexistes font partie d’un “continuum de violences de genre”, est de porter des mesures en interne dans l’entreprise pour donner la parole aux victimes, et lutter contre le sexisme ordinaire, afin d’améliorer les comportements dans la sphère privée.
Le réseau compte de très grosses entreprises (L’Oréal, BNP Paribas, Clariane, Carrefour...) et obtient l’engagement de ces dernières par la signature d’une Charte d’Engagement contre les violences conjugales.
Des voix s’élèvent pour sauver la CSRD
Entrepreneurs, chercheurs et consultants prennent la parole dans une tribune adressée au Monde pour donner un autre son de cloche à tous les discours qui tendent, ces derniers mois et semaines, à remettre en cause et fragiliser la CSRD, directive européenne de reporting de durabilité pour les entreprises.
Ils affirment que derrière les arguments de la simplification, il ne faut pas oublier la grande ambition portée par la directive : “préparer une économie durable et compétitive”. De plus, changer une directive européenne prend de nombreuses années, laissant les acteurs économiques dans l’incertitude, handicap bien plus lourd que la production de rapports de durabilité.
Le collectif argue que les discours alarmistes exagèrent une situation en réalité bien plus simple à négocier : “à peine 20 % des sujets listés méritent d’être reportés”. Tout l’enjeu est d’informer et de rendre accessible à tous la CSRD, afin d’en faire un outil compétitif et transformateur pour l’entreprise.
Censure du gouvernement Barnier : quelles conséquences pour l’écologie ?
331 députés ont censuré mercredi 4 décembre le gouvernement de Michel Barnier, lequel a rendu sa démission au président. Cela remet très probablement à 2025 la présentation par le prochain gouvernement d’un projet de loi de finances.
Il semblerait donc, en première analyse, que la reconduction du budget de 2024 soit une très bonne nouvelle pour le climat, vu que le gouvernement y accordait “des moyens inédits”. A l’inverse, celui qui était en cours de discussion pour l’exercice 2025 présageait une baisse drastique des dépenses vertes.
Mais la réalité est plus difficile que cela : les dépenses automatiquement reconduites pour éviter un shutdown ne concernent que les “crédits nécessaires à la conduite de la vie de la nation”. Autrement dit, des dépenses de fonctionnement qui ne comprennent pas les habituelles grandes dépenses de la politique environnementale française...
Le droit environnemental sous la menace de l’argument industriel
Certaines dispositions centrales du droit environnemental français sont menacées de subir des allègements, a annoncé le gouvernement. En effet, le plan “Ambition industries” fait valoir la nécessité de réindustrialiser le territoire, justifiant une série de mesures qui affaiblissent les réglementations sociales et environnementales en la matière.
Temu : une inondation de produits à bas prix, mais à quel coût ?
La France est le deuxième marché européen pour le géant chinois du commerce en ligne qu’est Temu. Son offre de produits est gigantesque, ses prix défient toute concurrence et la livraison est gratuite : la formule Temu a su conquérir les consommateurs français, totalisant “94 millions de destinataires mensuels”, dépassant ainsi Amazon sur certains marchés.
La Poste a fait savoir que Temu et Shein représentent à eux seuls “plus d’un colis sur cinq” (22%). En février, la Fédération européenne des industries du jouet a publié une étude mettant en valeur que 95% des produits testés étaient nocifs et potentiellement dangereux pour les enfants.
Temu a investi 2 milliards de dollars en publicités Facebook et Instagram. Un marketing agressif qui n’est pas sans conséquences pour l’environnement : on estime que 54 900 tonnes éq.CO2 sont émises chaque jour par la firme (Forbes).
Report d’un traité global sur la pollution plastique
Les 175 pays réunis en Corée, sous l’égide des Nations Unies, ne sont pas parvenus à trouver d’accord sur un texte commun. Ainsi, les discussions sur un traité visant la réduction des dégâts causés par la pollution plastique ont été reportées.
Pourtant, 400 millions de tonnes de plastique sont annuellement produites à travers le monde. Alors que moins de 10% de cette quantité est véritablement recyclée, une grande partie termine sa vie dans l’océan.
Le cœur des désaccords oppose des grands pays producteurs de pétrole et de plastique (Inde, Chine et Russie) aux nations regroupées sous le nom de “coalition des hautes ambitions”.
Ce n’est qu’au printemps 2025 que les négociations se poursuivront, avec un éventuel changement de posture des États-Unis, qui seront alors représentés par une nouvelle administration.
Coca-Cola visé par une plainte pour greenwashing
La fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement qu’est France Nature Environnement (FNE) a porté plainte contre le géant Coca-Cola Europacific Partners France. Cette attaque en justice est justifiée par FNE au titre de pratiques commerciales trompeuses, plus particulièrement de greenwashing.
La fédération d’associations environnementales reproche à Coca d’avoir “servi plus de 6 millions de boissons dans des gobelets réutilisables provenant de bouteilles en plastique, sans en informer les spectateurs” lors des Jeux Olympiques.
Pourtant, la marque communiquait à l’envie sur son ambition d’un “zéro déchet d’emballage sur ces Jeux”, se donnant à voir comme une entreprise en soutien d’un monde sans déchets. Un discours manifestement en marge de la réalité d’une importante production de déchets industriels.
Le recyclage atteint des taux records en France
67%. C’est le taux de recyclage des emballages ménagers atteint par les foyers français en 2023. Ainsi, chaque citoyen français a trié 1.5 kg de déchets supplémentaires par rapport à 2022, soit 58 kg par ménage.
Fait intéressant, l’explosion du e-commerce et des pratiques d’achats en ligne génèrent une circulation accrue des déchets cartonnés (+12% recyclés) et plastiques (+15% recyclés).
Une tendance positive qui s’est accélérée depuis 2015, en conséquence directe des politiques de simplification des consignes de tri. À ce jour, “98 % des Français ont accès à des bacs jaunes unifiés”. De plus, elle est le fait d’un investissement important dans les infrastructures de recyclage et de nouveaux centres de sur-tri qui commencent à porter leurs fruits.
Pour atteindre le 100% recyclable, Jean Hornain suggère une “réduction drastique du suremballage”, notamment pour le e-commerce.
Tourisme durable : une priorité pour les Français
Une étude d’Accor intitulée European Travel 2025 : Balancing Growth and Impact, fait l’analyse des dynamiques de voyage à travers l’Europe en regard des flux records du transit sur le continent en 2024. Ainsi, 75% des voyageurs français interrogés déclarent “prendre en compte le changement climatique et les options durables” lors de la planification de leurs voyages.
Les trois principales démarches sont :
- Éviter les zones menacées par des conditions météo extrêmes (24%)
- Ne pas prendre l’avion (17%)
- Trouver des solutions d’hébergement durable (9%)
Toutefois, la moitié (50%) des voyageurs interrogés “déplore le coût élevé d’options durables”. En effet, cela demeure le principal frein à des pratiques de voyage durable, au risque sinon d’alimenter les circuits du surtourisme, davantage accessibles.
Sources
- Novethic : "Points de bascule écologiques"
- Carenews : "Lutte contre les violences faites aux femmes"
- Le Monde : Tribune du 5 décembre
- Vert : "Chute du gouvernement Barnier"
- Novethic : "Réindustrialisation et normes environnementales"
- Vert : "La plateforme Temu et ses impacts"
- RSE Magazine : "Pollution plastique et négociations bloquées"
- Carenews : "Coca-Cola accusé de greenwashing"
- RSE Magazine : "Recyclage des emballages en hausse"
- RSE Magazine : "Les Français et le tourisme durable"