Cette semaine, plongez au cœur des actualités RSE. De l’élection historique de Claudia Sheinbaum, ex-membre du GIEC, à la présidence du Mexique, à la bataille législative française contre les polluants éternels, en passant par les défis de la CSRD pour les entreprises et les controverses sur les crédits carbone, chaque événement illustre les enjeux cruciaux de notre époque.
Découvrez comment les initiatives et les débats façonnent un avenir plus durable et inclusif, influençant politiques, économies et sociétés à travers le globe.
Une ex-membre du GIEC élue présidente du Mexique !
Ancienne scientifique du GIEC et ancienne maire de Mexico, Claudia Sheinbaum est la première femme élue présidente du Mexique. Elle a remporté avec une avance de 30% sur sa rivale, portant un programme écologique, social et inclusif. Elle ouvre la perspective d’un renouveau politique mexicain.
Elle a été membre du GIEC dès 2007, et à ce titre est experte des questions climatiques. Notamment spécialiste des enjeux énergétiques et d’atténuation de la crise climatique, ce sont des thèmes qu’elle porte depuis de nombreuses années.
Son programme prévoit une hausse du salaire minimum et un développement marqué de l’accès à l’éducation. De plus, elle porte des politiques égalitaires qui visent à œuvrer à la sécurité des femmes via des budgets dédiés.
Quel métier pour piloter la CSRD ?
Alors que les premiers rapports sont en cours de préparation pour être publiés dès l’an prochain, le compte à rebours s’accélère pour les entreprises concernées par la CSRD. Une question se pose alors : quels sont les métiers qui doivent prendre en charge ce dossier ? Les responsables RSE ? la direction financière ? les communicants ?
En d’autres termes : qui doit piloter la matérialité des enjeux extra-financiers ? Arbitrer à ce sujet, c’est déjà exprimer un certain point de vue sur les objectifs stratégiques de l’entreprise.
Dans les grandes entreprises, ce sont les responsables RSE qui sont historiquement à la manœuvre. Or, la CSRD implique des questions de comptabilité qui embarquent les services financiers. On observe donc la formation d’un “binôme RSE et finance”. In fine, les communicants reprennent à leur compte les fruits de ce travail.
Des crédits carbone de “pacotille” profitent au greenwashing
L’ONG Corporate Accountability a alerté sur une pratique répandue chez de grands acteurs internationaux tels que Disney, Volkswagen, ou encore Air France : l’achat de crédits carbone pour financer des projets “potentiellement sans valeur”.
Autrement dit, le mécanisme permettant aux entreprises de compenser leurs émissions via le financement de projets responsables se révèlerait inopérant. Pire encore, il serait également au service du greenwashing de ces groupes, qui communiquent par ailleurs sur leurs prétendues actions écologiques.
"Ces tendances sont extrêmement préoccupantes", affirme Rachel Rose Jackson, responsable au sein de l'ONG, au sujet d’un dispositif qui pèse près de 2 milliards de dollars au niveau mondial.
L’État invite la RSE dans l’économie du tourisme
Depuis le début des années 2000, des labels RSE existent dans le secteur touristique. La Direction générale des entreprises (DGE) vient d’en faire des labels d’État. Ainsi, “Qualité Tourisme” et “Tourisme et Handicap” deviennent des marques d’État inscrites au code du tourisme.
Dorénavant, le label “tourisme et handicap” sera géré par Atout France, qui compte accentuer son importance et son impact auprès des acteurs du secteur. L’objectif est de valoriser les actions inclusives ainsi que les professionnels du tourisme qui s'engagent à rendre leurs prestations accessibles à tous.
“Qualité tourisme” devient “Destination excellence”, et renouvelle ses critères en matière de développement durable. Il nécessitera un engagement concret pour réduire l’impact environnemental des activités touristiques.
47 fonds de capital-risque veulent clarifier la notion d’impact
Le mouvement United For Impact coalise 47 fonds dits “à impact”, lesquels exhortent l’Europe de fournir des “ajustements réglementaires” autour de la définition d’impact. D’après eux, le SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) permet certes de mesurer des performances ESG, mais pas d’attester de la nature positive de l’impact RSE des entreprises.
En d’autres termes, ce mouvement veut mettre un terme à la confusion qui existe entre démarche comptable et démarche durable, logées à la même enseigne par l’article 9 du SFDR : “L'article 9, c'est de l'ESG, pas de l'impact. Le règlement pousse à reporter la politique environnementale des participations, mais rien ne dit que leur activité produit un impact positif, créant une confusion entre les fonds à impact et les fonds ESG”.
Syndicats et patronat divisés autour du devoir de vigilance
Adopté le 24 mai dernier par le Conseil de l’UE, le devoir de vigilance contraint les entreprises à veiller à leur impact social et environnemental en amont et en aval de leur chaîne de valeur. Il concerne les entreprises qui emploient plus de 1000 personnes et réalisent un CA mondial supérieur à 450 millions d’euros.
Son adoption divise. La CFDT, par exemple, se félicite pour l’extension européenne plus exigeante du devoir de vigilance, qui “reconnaît le rôle essentiel des syndicats dans l’élaboration du plan de vigilance”. À l’inverse, le Medef se montre critique à l’égard d’une situation qui occasionnerait une “distorsion de la concurrence” néfaste pour les entreprises européennes.
Emmanuel Daoud, avocat spécialiste des contentieux RSE affirme au sujet de cette directive qu’elle “guide vers l’adoption d’un modèle durable”, faisant prendre de l’avance sur la norme de demain.
La crise climatique sera une crise économique
Une étude récemment publiée par le National Bureau of Economic conclut que le coût de l’inaction sera bien plus cher que prévu. Selon eux, une augmentation de 2 °C entrainerait une chute du PIB mondial de l’ordre de 50%. Ces milliards perdus auront des conséquences directes sur le niveau de vie des individus, “équivalent à celui constaté au pic de la Grande Dépression” de 1929.
Cela bouscule l’idée répandue que le climat n’aurait pas d’effet sur la performance économique. La prise en compte des conséquences d’événements climatiques extrêmes au niveau mondial change la donne, et permet une projection systémique des effets du changement climatique sur l’économie globale.
Une telle inversion du “rapport coût-bénéfice de la lutte contre le changement climatique” modifiera peut-être la stratégie des grands groupes internationaux, qui verront la décarbonation comme un investissement de long terme.
Impact 40/120, l’indice de la performance économique durable
Impact 40/120 est un indice récemment lancé par Impact France en mars 2024. Français, il récompense les sociétés “les plus prometteuses” qui s’illustrent par leurs engagements RSE. D’après la directrice d’Impact France Caroline Neyron, il “valorise les entreprises à impact positif sur l'environnement ou sur la société”.
L’idée sous-jacente est de déplacer le curseur de la performance entrepreneuriale, en ne mesurant pas uniquement la valorisation financière. Le critère de comparaison des entreprises utilisé est celui de “l’impact positif généré”.
Enfin, la notion d’innovation n’est pas techno-centrée, puisque l’indice valorise également l’innovation sociale ou encore l’innovation low-tech.
Le sénat vote l’interdiction des polluants éternels
Une nouvelle étape législative a été franchie par le texte de loi visant à restreindre l’utilisation des substances per- et polyfluoroalkylés (PFAS). Ces composés chimiques hautement toxiques et persistants présents dans de nombreux produits du quotidien sont abondamment utilisés par les industries.
Le texte vise à instaurer une taxe pollueur-payeur, à hauteur de 100 € tous les 100 g. Toutefois, le “lobby des casseroles”, emmené par Seb, est parvenu à se soustraire à ces obligations qui ne concernent presque plus que les cosmétiques et le textile.
Désormais, le texte devra être voté en l’état par l’Assemblée Nationale pour être promulgué, ultime étape d’une bataille politique prévue pour septembre.
Finance durable : Enerfip passe le cap des 500 millions
La plateforme de financements responsables et participatifs qu’est Enerfip œuvre depuis 2014 à valoriser des projets durables. Avec la transition énergétique comme principal poste d’investissement, elle a franchi le cap des 500 millions d’euros.
À ce jour, ce sont 50 000 personnes qui financent 438 projets (éoliens, photovoltaïques, hydroélectriques...) à travers lesquels l’impact carbone des investissements est “divisé par 10” selon Enerfip.
Outre les énergies, ce sont également les mobilités douces ou les solutions liées à la transition écologique qu’on retrouve dans les projets que porte l’initiative. Ces derniers “ont permis de réduire les émissions CO2 de 300 000 tonnes”, affirme la plateforme.
Les sources
Novethic “Claudia Sheinbaum, ancienne scientifique du GIEC, et première femme présidente du Mexique”
Novethic “RSE, finance, communication : qui pour piloter la CSRD dans les entreprises ?”
L’info durable “De grandes entreprises mondiales achètent des crédits carbone probablement sans valeur”
Carenews “Les labels « Qualité Tourisme » et « Tourisme et Handicap » deviennent des labels d’État”
Les Echos “Des fonds européens de capital-risque appellent à clarifier la notion d'impact”
Le Monde “Une directive européenne renforce le devoir de vigilance des entreprises”
L’info durable “Impact 40/120 : "Il est possible de concilier performances économiques et impact positif"
Carenews “La plateforme d’investissement responsable Enerfip dépasse les 500 millions d’euros levés”