Entre innovations réglementaires, défis climatiques et opportunités sociales, les entreprises et institutions sont au centre des transformations pour un avenir durable. Nous vous partageons chaque semaine les 10 actualités RSE à ne pas louper.
Rémunération des dirigeants : prise en compte croissante des objectifs climatiques
L’IFA, Chapter Zero France et Ethics & Boards ont publié la quatrième édition de leur baromètre des rémunérations. Ce dernier permet de tirer des conclusions sur les évolutions de la prise en compte du climat dans la rémunération variable des grands dirigeants d’entreprises.
Ainsi, on apprend que 92% des sociétés du SBF120 ont inclus des critères sociaux et environnementaux dans la rémunération de leurs CEO. Un chiffre en augmentation de 12% depuis 2022. L’indicateur prioritaire retenu par les entreprises a été les émissions de GES, mobilisé par 58 d’entre elles.
Toutefois, la proportion liée à la réalisation de ces objectifs RSE ne représente que 7.1% en moyenne de la part de la rémunération variable des dirigeants. Bien que ces chiffres soient encourageants, ces performances demeurent “perfectibles”.
Charge mentale : 25% des femmes freinées dans leur carrière
L’agence News RSE a commandé une étude à l’IFOP, dans laquelle 25% des interrogées déclarent “avoir réduit leurs ambitions de carrière” pour supporter l’accumulation de responsabilités professionnelles, personnelles et domestiques. Ainsi, la charge mentale ne concerne pas seulement la vie du foyer et influence significativement la poursuite de carrière.
71% déclarent supporter une importante charge mentale, 53% qu’elle a une influence négative sur leurs performances professionnelles, et 25% qu’elles ont déjà “renoncé à des opportunités” pour ne pas être surchargées.
Ainsi, une “reconnaissance des efforts invisibles” s’impose. Pour cela, il faut soutenir des politiques inclusives de prise en compte de ces efforts dans les critères d’évaluation de performances, ou encore favoriser l’équilibre vie pro/vie perso de ces collaboratrices.
La droite européenne continue ses attaques contre le Green Deal
Après la CSRD et la CSDDD, la droite européenne continue sa campagne de détricotage du Green Deal européen et s’attaque à l’interdiction à la vente de véhicules thermiques en 2035. Autrement dit, ils militent pour revoir à la baisse les obligations climatiques auxquelles devront se conformer les industriels de l’automobile.
En effet, le PPE (Parti Populaire Européen), de pair avec des lobbys européens de l’automobile, voudrait reporter ou amender le texte. Alors que le premier lobby du secteur qu’est l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) a changé de position et reproche à l’UE de ne pas suffisamment accompagner la transition énergétique automobile, l’association d’experts Transport & Environnement affirme que la situation tient davantage au choix stratégique des constructeurs de “privilégier les véhicules électriques lourds et chers”, plutôt que des véhicules abordables.
300 milliards : le coût des catastrophes naturelles en 2024
Les événements climatiques extrêmes et catastrophes naturelles ont cette année coûté près de 300 milliards d’euros, plaide un rapport de la Swiss Reinsurance Company. C’est, en comparaison des 10 années précédentes, un chiffre en hausse de 26%. Les compagnies d’assurances, en particulier, ont assuré près de 130 milliards de pertes cette année.
Ouragans, tempêtes, pluies diluviennes, inondations etc., ces catastrophes gagnent en fréquence et en intensité “sous l'effet de la crise climatique”. L’Europe n’échappe pas à ces conclusions et les phénomènes climatiques y auraient coûté 10 milliards d’euros en 2024.
Le rapport affirme que les économies mondiales sont en “déficit d’adaptation”, et que nos modes d’occupation des espaces tendent à accentuer la gravité des catastrophes. La crainte d’une crise de l’assurance se fait sentir dans certains milieux, qui soulignent le risque d’une explosion des coûts.
Comment la fast-fashion menace le secteur du textile ?
L’association Les Amis de la Terre - France a publié un décryptage pointant l’influence économique néfaste de la fast-fashion sur le secteur textile français, déjà assez mal-en-point. En effet, ses pratiques de délocalisation, le recours à des matières premières synthétiques et à un marketing agressif nuisent aux entreprises nationales.
L’association va même jusqu’à affirmer que la fast-fashion “surfe sur la crise du textile”, au gré d’un étonnant paradoxe : la surproduction et la surconsommation redoublent les difficultés du secteur.
Ainsi, alors que la consommation de vêtements n’a cessé d’augmenter (3.3 milliards de produits vendus en 2022), la “durée d’usage moyen” de ces derniers a été divisée par deux depuis 2000. Paradoxalement, le secteur français a connu un déficit de 15.9 milliards d’euros en 2022. L’association propose donc un cadre législatif contraignant pour protéger le secteur.
La pollution liée au tourisme ne cesse d’augmenter
Le tourisme mondial est responsable de 8.8% des émissions des GES globales en 2019. L’augmentation des émissions liées au tourisme a marqué une évolution de +3.5% par an, soit deux fois plus que celles de l’économie mondiale.
Ainsi, la croissance économique très forte du secteur touristique va de pair avec une croissance très forte de son impact carbone (5,2 gigatonnes équ.CO2 en 2019). Ce sont les touristes américains qui représentent la part la plus importante de ces émissions (19%), suivis des touristes chinois (15%) et indiens (6%).
Pour s’adapter aux exigences des Accords de Paris, l’étude affirme qu’une réduction du volume touristique serait une solution injuste et inéquitable selon les pays, et que l’accent doit être porté sur les modes de transport, en particulier le secteur de l’aviation.
2024 dépasse le seuil de 1.5°C de réchauffement
Le service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus a annoncé comme un “fait certain” que 2024 serait l’année la plus chaude de l’histoire des enregistrements. Fait notable par rapport aux records de ces dernières années : le seuil dépassé des 1.5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900).
Si cette limite de 1.5°C est remarquable, c’est qu’elle correspond notamment à l’objectif le plus ambitieux des Accords de Paris. Il faut toutefois garder à l’esprit que pour considérer définitivement le seuil franchi, il faille observer cette tendance sur le long terme sur au moins vingt ans.
Ainsi, le GIEC estime que la barre des 1.5°C sera dépassée entre 2030 et 2035 au regard des tendances actuelles, et ce peu importe les évolutions de nos émissions de GES.
Accord trouvé pour le Mercosur : double menace pour le climat et les agriculteurs français
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fait savoir qu’un accord de libre-échange entre les pays de l’UE et ceux du Mercosur avait été trouvé à l’issue de négociations.
Pourtant, certains État membres (dont la France), les associations environnementales et une grande part du secteur agricole ont fait savoir leur opposition au projet.
Ainsi, le Brésil, l’Uruguay, le Paraguay et l’Argentine devraient voir facilitées leurs conditions d’importations vers l’Europe de produits agricoles, sans frais de douanes. En retour, l’Europe compte intensifier ses exportations industrielles de produits manufacturés.
Greenpeace parle de ce texte, qui doit toujours être voté pour entrer en vigueur, comme d’un “désastre environnemental, social et humain”.
Le Mondial de football 2030 aura lieu sur 3 continents
La FIFA, à l’issue d’une réunion rassemblant les 211 membres de la fédération, a annoncé que la Coupe du Monde de football masculin de 2030 se tiendrait sur trois continents : entre la péninsule Ibérique (Espagne et Portugal), le Maroc et l’Amérique du Sud (où auront lieu trois matchs).
Ce mondial anniversaire prenant place 100 ans après la première édition de 1930 suscitait déjà des interrogations sur son impact environnemental. En effet, il nécessitera de nombreux déplacements aériens de supporters entre les trois continents.
Par ailleurs, la FIFA est également sous le feu des critiques pour sa désignation de l’Arabie Saoudite comme pays hôte et organisateur de la coupe du monde de 2034. En effet, beaucoup d’observateurs font remarquer que cette décision a été motivée au mépris des droits humains, au profit d’un royaume ultraconservateur en la matière.
Coût de la sécheresse : 300 milliards d’euros
Pendant que la COP16 sur la désertification se tient à Riyad, un rapport publié par les Nations Unies alerte sur les multiples sources de risques dont les sécheresses sont responsables.
Le rapport souligne les dégâts sur la santé, l’environnement et l’économie de ce phénomène en croissance de 30% par rapport à l’an 2000.
L’intensification des sécheresses a une double origine, avec le réchauffement climatique d’une part et une gestion non durable de l’eau et des sols de l’autre. Ainsi, elle affecte “près de 2 milliards de personnes par an”, en très grande majorité dans les pays les moins dotés économiquement.
La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) rend la conclusion suivante : les sécheresses comptent parmi les risques écologiques “les plus coûteux et les plus mortels”, s’élevant à près de 300 milliards d’euros par an au niveau mondial.
Sources
RSE Magazine “Charge mentale : comment elle freine la carrière d’une femme sur quatre”
Novethic “L'interdiction des véhicules thermiques en Europe menacée”
Novethic “Près de 300 milliards d'euros de pertes liées aux catastrophes naturelles en 2024”
Carenews “L’accélération de la fast-fashion menace le secteur textile français”
Youmatter “300 milliards d’euros par an, le coût des sécheresses au niveau mondial”