Actualités RSE du 12/08/2024

Charles Lorin
August 12, 2024

Que s'est-il passé dans l’actualité RSE de la semaine du 12 au 16 aout 2024 ?
En premier, le Royaume-Uni annonce une législation pour mieux encadrer les fournisseurs de notations ESG d’ici 2025, la Commission Européenne répond à toutes vos questions sur la CSRD à travers une FAQ, la France gros consommateur de plastique, écope d’une amende d’1.5 milliards,...
Retrouvez les 10 actualités RSE de la semaine entre défis sociaux et environnementaux !

Réglementation des notations ESG : le Royaume-Uni prend les devants

Une législation visant à mieux encadrer les fournisseurs de notations ESG est prévue pour 2025, annonce le gouvernement britannique. Ses deux priorités sont la transparence des démarches de notation et la clarification des méthodologies. Dans un contexte de forte inflation réglementaire, il s’agit d’un choix politique significatif pour se positionner en acteur majeur de la finance durable.

Pensée pour être en accord avec l'Organisation internationale des commissions de valeurs (IOSCO), cette recommandation porte une ambition internationale. Ainsi, cela permettrait de mieux flécher l’investissement durable d’acteurs économiques du monde entier.

Le pilotage de cette recommandation sera assuré par la Financial Conduct Authority (FCA), une instance de régulation boursière, indépendante du gouvernement britannique.

La FAQ sur la CSRD de la Commission Européenne

Une Foire aux Questions (FAQ) a été mise en ligne par la Commission Européenne afin de fournir un accompagnement aux 50.000 entreprises concernées par la mise en œuvre des nouvelles règles de reporting extra-financier. Une initiative qui atteste de la complexité de la CSRD et du besoin des professionnels de se référer à une source d’information officielle.

Pour effectuer un reporting de durabilité fiable et efficace, il est essentiel d’avoir une représentation claire des attentes réglementaires de l’Europe. Cette FAQ se veut exhaustive et donne des conseils pratiques sur l’utilisation des Normes Européennes de Reporting de Durabilité (ESRS).

Enfin, elle se prononce sur les questions cruciales des audits et des assurances “détaillant les exigences pour l'approbation et la formation des auditeurs, ainsi que l'accréditation des fournisseurs d'assurance indépendants”

Les ouvriers de la plus grande mine de cuivre au monde réclament 1% des dividendes

Au nord du Chili les ouvriers de la plus grande mine de cuivre au monde sont en grève. Ils revendiquent une meilleure répartition de la valeur, à hauteur de 1% des dividendes versés aux investisseurs étrangers. Lors des négociations, ces derniers bénéficient de la très forte pression que leur grève exerce sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondial de cuivre.

La situation est délicate pour l’actionnaire majoritaire de la mine, car le syndicat d’ouvriers regroupe “98% des travailleurs de la première ligne”, sans lesquels la production ne peut avoir lieu.

Une grève de 10 jours aurait un impact s’élevant à 250 millions des bénéfices pour l’actionnaire majoritaire. Par ailleurs, d’autres mines entament des mouvements de grève autour de celle d’Escondida. Le risque d’une massification du mouvement social et d’une déstabilisation économique globale est donc bien réel.

Nouveau revers pour le marché des crédits carbone

Le Conseil d’intégrité pour le marché volontaire du carbone (ICVCM) a développé un nouveau “label à haute intégrité”, qui redouble d’exigence à l’égard des crédits carbone. Dans ce cadre, 1/3 des crédits liés aux énergies renouvelables sur le marché volontaire “ne seraient pas suffisamment fiables”.

Autrement dit, c’est 32% du marché de la compensation qui est mis à l’index en raison de son manque de crédibilité. Les spécialistes s’inquiètent en effet du manque d’additionnalité de certains crédits carbone liés aux énergies renouvelables.

En effet, l’additionnalité est le principe d’après lequel “la vente de crédits carbone doit financer des projets qui n’auraient pas pu exister sans ce financement”. Or, l’ICVCM constate un réel manque de rigueur méthodologique dans l’évaluation de l’additionnalité des projets de compensation carbone. Une démarche très exigeante qui vise à bâtir un marché assaini de tout abus et excès, en faveur d’une transition écologique de haute intégrité.

Le groupe Bolloré dans la tourmente pour son atteinte aux droits humains

Le conseil éthique du fonds souverain norvégien a diligenté une enquête de terrain sur les activités du groupe Bolloré dans les plantations d’huile de palme au Cameroun. De “graves violations des droits humains” ont été constatées à l’issue des investigations et le fonds norvégien recommande désormais l’exclusion groupe.

Les faits reprochés sont les suivants :

  • 2/3 des 7000 travailleurs sont payés en-dessous du minimum légal,
  • 80% sont logés dans des demeures insalubres,
  • Violences sexuelles et sexistes.

NBIM, la société de gestion des actifs norvégiens, a refusé la recommandation de l’exclure, lui laissant 2 ans pour rectifier le tir. Une décision qui laisse dubitatif quand on sait que ces faits sont reprochés au groupe Bolloré depuis près de 15 ans maintenant.

Où en est l’Inflation Reduction Act américain ?

Cela fait 2 ans que l’Inflation Reduction Act (IRA) a été promulgué par le président Biden. Il visait notamment à lutter contre l’inflation en produisant massivement de l’énergie, priorité donnée à l’énergie verte. Se pose alors la question de son efficacité : a-t-il favorisé des investissements étrangers durables aux US ?
Les américains, à travers des investissements massifs dans des complexes énergétiques, mènent une grande campagne de séduction auprès des investisseurs étrangers et notamment européens. Leur argument phare est l’accès à une énergie propre et “presque inépuisable”.

Toutefois, sur les 230 milliards d’investissements d’État dans 114 projets dans le cadre de l’IRA, 40% sont en retard ou suspendus (Financial Times). De plus, les investissements américains demeurent très inférieurs aux européens, bien qu’ils soient en nette progression.

L’ambiguïté du bilan de l’IRA est donc en débat, “entre bluff et réalité”.

La France, gros consommateur de plastique, écope d’une amende d’1.5 milliards

La France est l’un des plus gros consommateurs européens de plastique, avec une moyenne de 70 kg par habitant. Un chiffre en augmentation d’année en année. Ainsi, l’Europe a sommé la France de payer une amende de 1.5 milliards d’euros pour sa consommation de 2023 au titre de la “taxe plastique”.

L’objectif de 40% de déchets plastiques recyclés fixé par l’Europe est loin d’être atteint : nous ne recyclons que 23% des nôtres. Un score bien inférieur à celui d’autres pays européens tels que la Slovaquie, la Belgique ou l’Espagne qui dépassent les 50%.

Deux enjeux sont au cœur d’une meilleure prise en compte de la surconsommation de plastique. D’abord, des infrastructures industrielles adaptées sur le territoire. Ensuite, l’intégration de cette question aux politiques RSE des entreprises qui doivent apprendre à s’affranchir de leur “dépendance au plastique”.

Un nouvel indice de l’ONU pour aider les petits états à faire face aux aléas

L’ONU a lancé un “indice de vulnérabilité multidimensionnelle” (MVI) qui, en complément du PIB, permet de mesurer plus équitablement les besoins des petits États insulaires en développement. Ces derniers sont trop riches pour bénéficier d’aides, et malgré tout trop exposés aux impacts du changement climatique pour ne pas en avoir besoin. Une situation en débat depuis des années maintenant.

Cet indice MVI vise à prévenir des risques exogènes liés à la situation de dépendance des états insulaires. Son objectif est notamment de servir d’outil aux banques de développement et aux financeurs internationaux pour venir en aide à ces États. 

Fatumanava-o-Upolu III Dr Pa’olelei Luteru, ambassadeur des Samoa à l'ONU, a partagé son espérance que cet indice initie ”une nouvelle façon de penser et d'agir en matière de développement”.

Quand les méga-feux émettent trop de CO2

Une étude inédite publiée par  Earth System Science Data, un journal de recherche internationale, rend la conclusion qu’entre mars 2023 et février 2024, les feux géants ont émis 8.6 milliards de tonnes de CO2. Pour en arriver là, ce sont jusqu’à 3,9 millions de km2 de forêts calcinés.

À cette période, ces méga-feux concernent essentiellement de grandes régions du Canada et de l’Amazonie. Les feux canadiens seraient à l’origine de “près du quart des émissions mondiales”. Une catastrophe écologique qui, en plus des émissions massives, ravage les écosystèmes et la biodiversité forestière.

D’après les auteurs de l’article, le changement climatique favorise grandement la multiplication de ces méga-feux. Les périodes de sécheresse aidant, ainsi que l’augmentation des risques de déclenchement d’origine humaine.

Faire rupture avec l’idée d’une écologie “punitive”

Le Monde a mené l’enquête, à la rencontre des habitants de Cluny et de sa municipalité, pour mieux comprendre comment engager une transition écologique “sans braquer” une population souvent réfractaire à l’idée d’une transition perçue comme le fruit des centre-villes déconnectés.

La première stratégie est d’apaiser le débat en bannissant les termes clivants de “sobriété” ou “d’écologie” qui peuvent donner le sentiment de faire la leçon aux ruraux. Ils sont remplacés par des notions de défense du patrimoine naturel local et par celle des bénéfices économiques de la transition.

L’intercommunalité du Clunisois conduit ainsi de grands chantiers tels que la mise en place d’un réseau de mobilité pour limiter les déplacements en voiture, ou le sauvetage des invendus et du surplus alimentaire du gaspillage. Pour cela, elle peut compter sur son riche tissu de 600 associations locales. C’est en somme une culture du compromis qui guide les transitions sur ce territoire.

Les sources