Actualités RSE du 13/05/2024

Charles Lorin
May 13, 2024

Cette semaine, dans les actualités RSE, nous allons parler des défis et des opportunités rencontrés par les PME face aux exigences croissantes en matière de durabilité. 

Tandis que des initiatives visant à alléger les normes RSE pour les petites entreprises voient le jour, les débats sur les salaires, les enjeux climatiques et les politiques environnementales se multiplient. 

Voici les dix faits marquants de la semaine, bonne lecture !

La double peine des PME face aux normes RSE 

Patrick d’Humières, expert en management de la RSE, donne une tribune à Novethic. Il fait valoir que les PME, contrairement aux grands donneurs d’ordres, n’ont pas toujours les moyens de se conformer aux exigences RSE du marché. 

Si le projet d’étendre la RSE à toutes les catégories d’entreprises est évidemment louable, on le fait “sans se soucier de la structure des coûts de la chaîne de valeur et de la faiblesse de ses marges”. Ainsi, le modèle semble insoutenable pour des PME qui subissent la double peine de ne pouvoir satisfaire pleinement de telles obligations, tout en se voyant contraintes de réduire leurs marges.

Ainsi, il faut mieux adapter les modèles RSE aux PME, notamment en pensant des relations partenariales et contractuelles entre les grands groupes et elles.

11 PME cobayes des “normes allégées” de la CSRD

Onze PME ont été sélectionnées dans le cadre d’une consultation publique afin de tester une version allégée de la norme européenne CSRD. Les résultats de cette démarche seront transmis à la Commission Européenne par Bercy le 21 mai. 

Cette version allégée dite “norme volontaire” pourrait dans le futur être appliquée aux PME, alors qu’avec le temps de plus en plus de sociétés seront concernées par le package de normes. 

Le dispositif se veut simplificateur : réduit à 71 questions. Il s’agit d’offrir aux PME l’occasion de s’engager dans des démarches durables plus simples. Pourtant, les dirigeants confrontés à cette consultation préalable se disent toujours autant inquiets face à la lourdeur administrative qu’elle implique : 

        “Sur certains points, l'accès à la donnée est complexe, demande du temps et de l'investissement”

    (Sophie Dartois, responsable RSE d’une des 11 PME)

Le salaire reste la première motivation des salariés

Tandis que foisonnent les discours sur la quête de sens au travail, sur les valeurs éthiques de l’entreprise et l’engagement RSE des collaborateurs, une récente étude du cabinet Randstad met cette tendance en perspective.

Selon eux, 43% des salariés déclarent que “une rémunération trop faible face au coût de la vie reste le principal motif pour changer d'employeur”. 

Toutefois, on trouve une répartition intéressante de ces résultats en fonction de l’âge des interrogés. Ainsi, placent le salaire au premier plan : 

- Génération Z (1997-2012) : 38%

- Millennials (1981-1996) : 45%

- Génération X (1965-1980) : 42%

- Baby-boomers (1946-1964) : 41%

Lucie positive, le label qui va plus loin que la RSE

Alan Fustec est le fondateur de l’agence Lucie et du cabinet Goodwill management. Il défend la vision d’un modèle d’entreprise qui irait par-delà le seul cadre habituel de la RSE. Ainsi, il propose de calculer pour chaque entreprise un “quota de limite planétaire”. Autrement dit, un label attribué aux sociétés qui s’engagent à respecter les limites planétaires. 

Une certification exigeante qui implique le respect des quotas de “consommation d’eau ou de matières premières, de pollution atmosphérique, d’émissions de déchets”. Mais aussi, qui implique un écart de salaire nul entre les hommes et les femmes, ainsi qu’une politique soutenue de formations. A ce jour, aucune entreprise n’a obtenu le label. 

D’après lui les entreprises “ne peuvent pas se contenter de réduire leur impact négatif sur l’environnement”, mais doivent entièrement repenser leurs modèles de production. 

380 scientifiques du climat expriment leur consternation

Le Guardian britannique a interrogé 380 experts et scientifiques du climat, lesquels se montrent à 77% atterrés par une situation où “la température moyenne sur la planète va augmenter d’au moins 2,5 °C, avec des conséquences désastreuses”. 

Ainsi, la grande majorité de ces scientifiques se montre pessimiste, et envisage un scénario catastrophique dans le futur. Parmi les freins à l’action identifiés, deux sont principalement évoqués : le manque de volonté politique et les intérêts corporatistes. 

Alors que la multiplication d’événements climatiques extrêmes est envisagée, les scientifiques jugent absurde que les gouvernements ne réagissent pas dès maintenant. “1 000 milliards de dollars par an sont nécessaires. Cela représente la moitié des dépenses militaires. Ce n’est pas inaccessible” indique Philippe Ciais, directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE).

Pour une épargne salariale alignée sur les objectifs RSE

Epsor, une entreprise à mission, a publié un « Guide pour une épargne salariale et retraite engagée ».  L’enjeu de ce document est d’éclairer les parties prenantes de l’entreprise sur les liens qui existent entre l’épargne salariale et les politiques RSE. 

En effet, d’après ce rapport plus de 50% des encours sont investis dans des fonds qui ne sont pas labellisés finance responsable. De plus, il apparaît que 78% des fonds analysés “investissent dans au moins une entreprise en lien avec des activités d’extraction de pétrole et de gaz non conventionnel ou d’exploration pétrolière et gazière”. 

Autrement dit, une situation où les dispositifs d’épargne salariale et d’épargne retraite ne suivent pas des objectifs de responsabilité. Epsor préconise par exemple d’inclure des enjeux de RSE au sein des accords d’intéressement de l’entreprise. 

Le chiffre d’affaires mondial de l’ESS s’élève à 2000 milliards !

La Fondation Schwab a publié une revue globale des données mondiales liées à l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). Un travail inédit qui révèle le poids considérable du secteur autour du globe. Ainsi, dans le monde l’ESS représente : 

10 millions d’entreprises sociales 

Soit 3% des entreprises dans le monde

Dont 50% dirigées par des femmes

2000 milliards d’€ de revenus annuels 

La création de plus de 200 millions d’emplois

Le directeur de la Fondation François Bonnici affirme que sa démarche de quantification du secteur vise à faire prendre conscience aux décideurs et aux investisseurs que l’ESS est un secteur intéressant. Les données collectées alimenteront les réflexions d’un groupe de travail aux Nations Unies, en vue de la publication d’un rapport. 

Les politiques environnementales de l’UE préoccupent de grandes ONG

Greenpeace, la LPO ou encore le WWF ont cosigné une lettre ouverte directement adressée aux responsables politiques de l’Union Européenne. Au cœur de leurs inquiétudes, le recul des politiques environnementales. D’après ces dizaines d’ONG, un “démantèlement des mesures vertes” est en cours, lequel doit cesser “avant qu’il ne soit trop tard”. 

Sont visés des responsables politiques tout autour de l’Europe et des dirigeants à Bruxelles. Il leur est reproché de concevoir la nature comme un obstacle au développement de leurs politiques, alors même qu’elle devrait constituer “le fondement même” de tout dispositif d’action publique. 

Ils fustigent par exemple la pression exercée contre la législation “restauration de la nature”, ou encore que "des ministres de l'agriculture menacent les nouvelles règles de l'UE destinées à lutter contre la déforestation dans le monde".

Prix de l’ESS 2024 : il est encore temps de candidater

Le concours national des Prix de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) vise à récompenser une structure de l’ESS pour son exemplarité en matière de transformation positive de la société : tant par son caractère inclusif que pour son respect de l’environnement. 

Ainsi, les deux grands critères retenus par le jury pour sélectionner les lauréats sont :  l'Utilité Sociale et la Transition Écologique. Les projets récompensés tous les ans sont donc ceux qui répondent le mieux aux objectifs de “l’amélioration du bien-être social, la lutte contre les inégalités, et la promotion d'une gestion durable des ressources”.

Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 24 juin, et la proclamation des résultats aura lieu lors du mois de l’ESS en novembre.

Des mesures vers une économie européenne protectionniste ? 

Ces derniers temps, le sujet de la concurrence commerciale et industrielle de la Chine et des États-Unis revient sans cesse. Ainsi, “le tabou des mesures protectionnistes est lentement en train de tomber” en Europe. Ces mesures prendraient le nom de Buy European Act.

L’enjeu serait d’organiser un fléchage économique vert sur les marchés européens, imposé par une commande publique encadrée par des critères de production locale et environnementale. Autrement dit, un protectionnisme vert pour une préférence européenne. 

À la veille des élections européennes, les idées fusent : un label “fabriqué en Europe”, la notion de “préférence européenne” ou encore de “protectionnisme solidaire” : tous les partis font valoir leur vision du projet. 

Sources 

Novethic “Buy European Act : la tentation d’un protectionnisme vert face aux USA et à la Chine”

L’Info Durable “Des dizaines d'ONG s'inquiètent d'un recul des politiques de l'environnement dans l'UE”

Le Figaro “Plus que jamais, c'est le salaire, non la quête de sens, qui motive les salariés à choisir un job”

Youmatter “Au niveau mondial, l’ESS pèse plus que la publicité !”, François Bonnici (Fondation Schwab)”

Reporterre “Plus de 300 scientifiques du climat terrifiés par l’avenir de la planète”

Carenews “Epsor publie un guide sur l’épargne salariale et la RSE“

RSE Magazine “Prix de l'Économie Sociale et Solidaire 2024 : un tremplin pour l'innovation durable“

Les Echos “Reporting extra-financier : ce qui inquiète encore les PME“

Novethic “Inventons un modèle de RSE partenarial, vraiment adapté aux PME”

Carenews “Alan Fustec, l’homme qui veut aller au-delà de la RSE”