Actualités RSE du 15/07/2024

Charles Lorin
July 19, 2024

Cette semaine, dans les actualités RSE, nous allons parler du quotidien des professionnels de la RSE et leur sentiment d’impuissance, du droit à la déconnexion, particulièrement pendant les vacances, des congés de mobilité responsable, et bien d’autres sujets.

Retrouvez chaque semaine notre condensé de news RSE !

Crise de sens et sentiment d’impuissance chez les professionnels de la RSE

Les nouveaux métiers de la RSE et du Développement durable sont aujourd’hui très clairement identifiés dans le monde du travail. Désormais pleinement intégrés aux chaînes de production entrepreneuriales, une part non négligeable de professionnels de la RSE vivent une crise de sens qu’ils traversent parfois seuls.

“Greenwashing, manque de moyens, désillusions et doutes, éco-anxiété”, telles sont les marques d’un certain épuisement ressenti par les responsables RSE. Leur profil est généralement celui d’une femme, jeune, formée aux métiers de la transition, et “qui se heurte à l’inertie du système”.

Parmi les témoignages revient souvent le sentiment de solitude, à l’origine d’un certain découragement : “la plupart des gens n’en ont rien à faire” confie Diana, professionnelle de la transition durable.

Droit à la déconnexion : un fondement de la RSE

Le droit à la déconnexion, en particulier en période de congés, est devenu un élément fondamental des politiques RSE. Pour les managers, l’enjeu est double : d’abord, de bien comprendre l’importance de ce droit, et ensuite, de le mettre en œuvre efficacement avec des mesures réalistes et respectueuses du bien-être des collaborateurs.

Ce “droit” est inscrit dans le loi Travail dite El Khomri de 2016, et impose des négociations à ce sujet entre les représentants du personnel et la direction des sociétés de plus de 50 employés. L’enjeu est de protéger les salariés du stress et de l’épuisement professionnel liés à l’hyperconnexion.

Ainsi, la RSE s’inscrit ici en tandem avec les enjeux de gestion des outils technologiques et numériques qui, s’ils facilitent et optimisent le travail de l’entreprise, peuvent aussi se révéler des vecteurs de risques professionnels.

Rallonger les congés des salariés qui voyagent vert ?

L’association La Fresque du Climat propose à ses collaborateurs des congés supplémentaires si ces derniers adoptent un moyen de transport durable pour leurs vacances. Ces “congés de mobilité responsable” apportent une réponse au frein que constitue le temps de voyage souvent plus long des moyens de transport les moins émissifs.

Actuellement en phase de test dans l’association, le dispositif est expérimenté en vue d’en mesurer l’efficacité. Il s’agit d’une politique incitative qui vise à repenser d’une part nos manières de voyager, d’autre part le rôle que peut jouer l’entreprise dans l’engagement écologique de ses collaborateurs.

Dans d’autres structures, on pense ces temps de trajet comme des occasions de répondre à quelques mails, ou à réfléchir à des sujets de fond. Un compromis qui, s’il ne favorise pas la déconnexion, assure une réduction de l’impact carbone des départs en vacances.

La RSE participative : une voie d’ancrage territorial

Impliquer ses collaborateurs dans des projets de RSE, sous forme d’actions solidaires, permet de rencontrer les associations locales, et d’ancrer son entreprise sur son territoire. Par exemple, pousser ses collaborateurs vers le bénévolat de compétences ou bien financer du mécénat de compétences sont des choix qui apportent de nombreux bénéfices.

En effet, en plus de soutenir des initiatives durables et responsables, cela donne du sens aux savoir-faire des salariés qui peuvent l’investir dans des projets à impact.

“Plutôt que de démarrer de nouveaux combats à mener, pourquoi ne pas gagner du temps en servant ceux qui sont déjà en cours ?”. Telle est la philosophie de cette démarche, qui met en contact le tissu associatif local avec les entreprises. Ainsi, cela renforce son ancrage territorial tout en tissant une communauté à impact qui valorise ceux qui s’y engagent.

La santé mentale des professionnels de l’ESS en berne

Une étude menée par le pôle expertise ESS d’Harmonie mutuelle auprès de 2 735 professionnels interroge la qualité de vie au travail dans les structures de l’ESS. Le résultat est assez alarmant, puisque que 91% des interrogés révèlent être “touchés par les questions de santé mentale au travail”.

Parmi eux, une majorité de deux-tiers des professionnels indiquent être stressés, 35% confient des “mal-être passagers” et 33% de l’anxiété. Les causes soulevées par ces derniers sont multiples, mais la principale demeure la charge de travail excessive.

En réponse à ces risques professionnels, le “rempart” cité par 57% des répondants est d’accroître ses relations avec les collègues. On en déduit qu’un environnement de travail sain et interactif est un point d’attention essentiel que doivent prendre en considération les directions des structures de l’ESS.

L’AMF durcit sa politique et passe aux sanctions

L’Autorité des Marchés Financiers (AMF) se penche sur les annonces et promesses d’investissements durables régulièrement mises en avant par les gérants d’actifs, et “amorce un virage répressif” envers le greenwashing dans la finance.

Dans une récente publication, l’AMF rappelle que le domaine extra-financier est soumis aux mêmes obligations de clarté, d’exactitude et d’authenticité de l’information que le domaine financier. Autrement dit, des indicateurs objectifs et mesurables doivent accompagner les annonces marketing dans la finance verte, sans quoi le risque est accru d’un greenwashing effréné.

Par exemple, pour la première fois fin juin l’AMF a signé un accord avec un fonds, lequel a consenti à verser 400 000 € au Trésor pour “mettre fin à l’enquête” qui avait lieu en raison de sa communication douteuse en matière de durabilité.

Décarbonation de l’industrie française, vraiment ?

Les associations Réseau Action Climat et France Nature Environnement ont publié un rapport dans lequel on apprend que la baisse constatée des émissions de GES du secteur industriel français est le fait d’une baisse de la production, et non le fruit d’un volontarisme écologique.

La baisse de 7.8% des émissions de GES des industries françaises entre 2022 et 2023 calculée par le Citepa et largement relayée dans les médias est un peu trompeuse. En effet, “elle repose pour moitié sur la chute de la production durant cette période”.

Ce sont en particulier le ciment et l’acier qui ont subi l’augmentation des coûts de l’énergie, d’un secteur du bâtiment moins dynamique et de la concurrence asiatique. Ainsi, la baisse de la production a généré une baisse des émissions, mais n’est pas pour autant le signe d’une décarbonation de l’industrie.

Le projet à 1 milliard pour produire du kérosène vert

L’entreprise Verso Energy a annoncé son projet d’installer, dans les Vosges, une “unité de production de carburants de synthèse verts” à destination du secteur de l’aviation. Elle porte l’ambition de lever 1 milliard d’euros pour mener à bien cette entreprise à l’horizon 2030.

Les CDA (Carburants Durables d’Aviation) sont issus de ressources non-fossiles, et apparaissent comme une perspective de substitution au kérosène. Le procédé de fabrication consiste à associer de l’hydrogène obtenu par électrolyse à du Co2 tiré de la biomasse environnante.

Pour information, la norme européenne “ReFuelEU Aviation" de 2023 imposera peu à peu aux compagnies aériennes l’incorporation de CDA dans leurs carburants, pour atteindre une part de 35% en 2050.

Réforme du label ISR, quoi de neuf ?

Le label détenu par Bercy Investissement Social Responsable (ISR), qui représente à ce jour 800 milliards d’euros, a publié un cahier des charges fin 2023 pour répondre aux critiques d’être trop laxiste et pas assez durable dans le choix de ses investisseurs. Cette réforme est entrée en vigueur en mars : quelles en sont les nouveautés ?

D’abord, le label affiche des “exclusions”, c’est-à-dire des fonds qui “ne peuvent plus investir dans certaines activités”. Ils doivent ainsi s’abstenir d’investir dans des hydrocarbures non-conventionnels, ainsi que dans des nouveaux projets d’extraction fossile.

Aussi, le label accorde davantage d’importance aux performances extra-financières des entreprises. Ainsi, les fonds déjà labellisés doivent se mettre en conformité avec ces nouveautés avant le 1er janvier 2025. A ce jour, “entre un fonds sur quatre et un fonds sur deux” ne respecteraient pas le nouveau référentiel.

Pour en finir avec la confusion météo / climat

Les températures relevées ces dernières semaines en France sont, pour certains, l’occasion de remettre en cause la réalité du changement climatique. Sur un ton parfois complotiste de nombreuses publications en ligne jouent sur la confusion entre la météo et le climat.

La différence entre les deux se trouve simplement dans l’échelle de temps. La météo est l’étude de phénomènes locaux, sur un temps court. Ainsi, température, pluviométrie, vent, pression etc. sont mesurés à court terme pour rendre compte du temps qu’il fait à un instant t.

En revanche, le climat est une donnée qui s’obtient sur le long terme : en général, les climatologues analysent les phénomènes climatiques sur 30 ans. Autrement dit, remettre en question le changement climatique à partir d’une observation météorologique, c’est comme affirmer que la faim dans le monde n’existe pas car son frigidaire est bien rempli !

Sources

Novethic “Quand les professionnels de la RSE traversent une crise de sens”

RSE Magazine “Le Droit à la déconnexion : un pilier de la RSE à l’heure des congés estivaux”

Carenews “Les congés de mobilité responsable, une innovation RSE pour les vacances”

Carenews “Comment renforcer son impact territorial grâce à une démarche RSE participative ?”

Carenews “L’ESS confrontée aux problèmes de santé mentale au travail”

L’info Durable “Finance durable: l'AMF a encore du travail et envisage de passer aux sanctions”

Le Monde “Décarbonation : la « difficile mutation » de l’industrie française”

L’info Durable “Kérosène vert: un milliard d'investissement en projet dans les Vosges”

Le Monde “Label ISR : qu’a changé la réforme pour l’investissement socialement responsable ?”

Vert “«Il fait 15 degrés et ils nous parlent de réchauffement climatique» : c’est quoi la différence entre la météo et le climat ?”