Actualités RSE du 18/11/2024

Charles Lorin
November 22, 2024

Cette semaine dans les actualités RSE, nous allons parler des émissions carbone, elles coûtent 94 milliards d’euros à la France : une facture économique et climatique qui interpelle.Alors que le coût des émissions de gaz à effet de serre pèse lourdement sur l’économie française, l’INSEE révèle, pour la première fois, des chiffres édifiants sur leur impact financier. Derrière ce constat se cache une urgence : repenser nos modèles économiques et comptables pour intégrer pleinement les enjeux climatiques. En comprenant mieux ces données, c’est une fenêtre sur les défis – mais aussi les opportunités – d’un avenir durable qui s’ouvre.

Retrouvez l’intégralité des actualités de la semaine dans cet article.

Les émissions carbone coûtent 94 milliards à la France

Pour la première fois, l’INSEE publie des comptes nationaux qui prennent en considération le poids des émissions de GES dans l’économie française. Une manière de mettre en valeur que le changement climatique rend notre modèle économique non-soutenable dans la durée.

D’abord, il faut noter que si nos émissions liées aux activités nationales sont en baisse (-31% par rapport à 1990), notre empreinte carbone comprenant les importations ne diminue, elle, que très faiblement. Dans ses calculs, l’INSEE considère deux types de coûts :

Les coûts associés aux dommages climatiques et à l’adaptation

Les coûts associés à la décarbonation de l’économie

Ainsi, le PINA (produit intérieur net ajusté) serait moins élevé de 4.1% par rapport au Produit intérieur net français, soit 94 milliards d’euros en 2023.

Repenser la comptabilité carbone avec les émissions importées

Un rapport produit par Carbone 4 et la Fondation européenne pour le climat (ECF) met en valeur un angle mort de la comptabilité carbone des États : “les émissions liées au commerce international ne cessent d’augmenter”.

En effet, près de 25% des émissions de GES sont produites par des pays qui exportent des biens et des ressources à la demande d’autres pays importateurs. Et, cette dimension est généralement mise à l’écart des calculs, touchant à la compétitivité des économies nationales.

Pour ajuster le tir, le rapport préconise un calcul par la consommation finale (dite “empreinte carbone”). Autrement dit, en ajustant les émissions par pays “selon leurs échanges commerciaux”. Cela empêcherait le calcul d’une empreinte carbone qui omettrait d’intégrer une chaîne d’approvisionnement extérieure, dans l’évaluation de son impact.

Le changement climatique va appauvrir l’économie mondiale

Le Network of Central Banks and Supervisors for Greening the Financial System (NGFS) a publié une actualisation de ses scénarios de prospective qui cherchent à évaluer les risques économiques et financiers du dérèglement climatique. L’amélioration des méthodes de calcul et la nature chronique des risques identifiés donnent une “évaluation trois fois plus élevée” que les précédentes anticipations.

Ainsi, ce réseau des banques centrales mondiales consacré au verdissement du système financier alerte sur le fait qu’au moins “15% du PIB sera perdu en 2050 à cause de la crise climatique”. Un chiffre qui considère la trajectoire climatique actuellement prise par les économies mondiales.

Cette méthode de calcul holistique prend en compte les risques physiques liés au changement climatique, et interroge la menace que les économies font elles-mêmes peser sur leurs propres modèles de production.

Semaine Européenne de la réduction des déchets !

Du 18 au 26 novembre à lieu la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (SERD), organisée par l’Ademe. Un événement qui entend mobiliser toutes les formes d’organisations, des collectivités aux entreprises. Le démarche vise à mobiliser autour de la réduction des déchets et la promotion de pratiques plus responsables.

Cette année, le thème retenu est l’alimentation durable, qui ne manque pas de réunir les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. En effet, l’alimentation représente un quart des émissions françaises de GES.

Avec plus de 2.5 millions de participants en 2023, la SERD alerte cette année que près de 4 millions de tonnes annuelles de déchets alimentaires encore consommables sont gaspillés. La plateforme souligne l’absurdité d’une telle situation, considérant la précarité alimentaire qui touche certaines populations.

Shell gagne finalement son procès en appel

La Cour d’appel de la Haye a finalement cassé la décision de la justice néerlandaise d’obliger le géant pétrolier à réduire de 45% ses émissions de GES pour 2030. Plus précisément, la Cour reconnaît que Shell doit réduire ses émissions, mais ne peut imposer un chiffre précis en ce sens.

Le représentant des ONG et associations plaignantes s’est exprimé, décrivant cette décision comme “un revers pour le mouvement climatique”.

Toutefois, cette décision historique ouvre la voie à des contentieux qui viseraient les entreprises ne respectant pas l’Accord de Paris sur le climat. Un argument juridique qu’il sera désormais possible d’opposer aux entreprises dans le cadre de procès. Autrement dit, cette décision reconnait explicitement “la responsabilité des entreprises pétro-gazières dans le changement climatique”, affirme Jérémie Suissa, délégué général de l’association Notre affaire à tous.

Combien de climatosceptiques en France ?

L’organisation Parlons climat a publié une grande enquête dédiée à la question du climatoscepticisme. Avant toutes choses, ils rappellent qu’il existe une différence entre les individus qui ne croient pas du tout à l’idée d’un changement climatique (les “dénialistes”), et ceux qui remettent en question son origine humaine et sa gravité (les “climatosceptiques”).

D’après les derniers chiffres d’octobre 2024 de l’Ademe, 38% des français seraient climatosceptiques. Parmi eux, “30% pensent que le changement climatique est un phénomène naturel”.

L’étude montre que les climatosceptiques ont généralement plus de 65 ans (un tiers des sondés), et que les postures les plus radicales se retrouvent majoritairement chez les hommes. De plus, les individus “très diplômés” sont moins représentés au sein de la population la plus sceptique vis-à-vis de l’origine humaine du changement climatique.

Une transition alimentaire durable pour accroître le PIB ?

Deloitte a publié un rapport sur l’alimentation durable en marge de la COP29. Il y développe les bienfaits économiques et sociaux d’une transition alimentaire durable, qui permettrait à la fois de lutter contre la malnutrition et de soutenir l’économie mondiale. En effet, à ce jour près de 10% de la population subit une situation de sous-alimentation, soit 730 millions de personnes.

L’étude soulève la difficulté suivante : une transition alimentaire durable signifie que, d'ici 2070, le monde devra nourrir près de 10 milliards de personnes en produisant 40 % de calories supplémentaire, tout en limitant les incidences environnementales de leur production.

Enfin, ils notent que cela pourrait réduire de 300 millions le nombre d’individus malnutris. Cela nécessite toutefois une action rapide et coordonnée, rappelle l’étude.

COP29 : fin des nouvelles centrales à charbon

25 pays se sont engagés à ne plus ouvrir de centrales au charbon le 20 novembre à Bakou, à l’occasion de la 29e conférence des Parties sur le Climat. La France, le Canada, l’Allemagne, l’Australie ou encore le Royaume-Uni ont signé cet engagement. En revanche, les États-Unis, la Chine et l’Inde manquent à l’appel.

Si l’ouverture de nouvelles centrales à charbon est le cœur de cet engagement, il est notable que l’extraction et l’exportation ne le soient pas. Ainsi, les signataires préservent une certaine marge de manœuvre sur leurs politiques énergétiques.

En plus de ne pas approuver de nouvelles ouvertures de centrales à charbon, les États signataires se sont aussi engagés à inclure cet objectif dans leurs prochains plans climatiques. De quoi faire évoluer les politiques énergétiques concernant cette ressource encore plus émissive que le pétrole et le gaz.

Report de la loi anti-déforestation par le Parlement européen

Le Parlement européen a repoussé de 12 mois l’entrée en vigueur de la RDUE, le règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts. Ce report du règlement s’accompagne d’un assouplissement de certaines contraintes qu’il comprenait.

Le règlement vise à interdire la mise sur le marché ou l’exportation depuis le marché européen de produits ayant contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts. Selon l’économiste Alain Karsenty, spécialiste des questions de déforestation, ce report s’inscrit dans une dynamique plus générale de remise en question “des réglementations européennes sur un sujet crucial”.

Les ONG estiment qu’un report de 12 mois de la RDUE correspondrait à la déforestation d’au moins 150 385 hectares liée à l’activité économique et commerciale de l’UE.

Une publicité responsable ? le double jeu des acteurs de la pub

Le monde de la publicité semble tiraillé entre une injonction d’efficacité marketing qui peut difficilement se passer des enjeux environnementaux, et sa régulation stricte pour lutter contre le greenwashing.

De grands acteurs, comme L’Oréal à travers son président français, s’agacent autant des contraintes réglementaires que de l’opprobre que leur jette certains acteurs favorables à leur régulation : “La dénonciation, on en a tous un petit peu marre”.

En effet, la viabilité économique d’un grand nombre de secteurs très polluants tient largement à leur couverture publicitaire. En France en 2023, les marques ont dépensé près de 34 Mds d’€ en communication, dont la moitié en achat d’espaces publicitaires. Un chiffre qui nous invite aussi à repenser ce que la publicité devrait ou non valoriser comme idéal de vie et comme produits de consommation.

Les sources

Youmatter “94 Mds €, c’est le coût des émissions carbone sur l’économie française”

Le Monde “Les émissions de gaz à effet de serre importées, angle mort de l’impact climatique des pays riches”

Novethic “15% du PIB perdu en 2050 à cause du changement climatique, selon le réseau mondial des banques centrales”

RSE Magazine “SERD 2024 : une mobilisation pour réduire les déchets”

Carenews “La Cour d’appel de la Haye annule le jugement exigeant de Shell qu’elle réduise ses émissions de 45 % d’ici à 2030”

Vert “Qui sont les climatosceptiques en France et combien sont-ils vraiment ?”

ESG news “Des systèmes alimentaires durables pourraient sauver 300 millions de personnes de la sous-alimentation”

RSE Magazine “COP29 : les grandes puissances disent stop aux nouvelles centrales à charbon”

Youmatter “Déforestation : Le Parlement européen confirme le report du RDUE”

Le Monde “Le monde de la publicité tiraillé entre consommation et enjeux climatiques”