Actualités RSE du 19/08/2024

Charles Lorin
August 19, 2024

Dans les actualités RSE, nous parlerons du dernier entretien de Brigitte Nivet, chercheuse et experte en management responsable, qui propose de passer d'un management axé sur le contrôle à un management basé sur l'écoute et la reconnaissance. Tandis qu'aux États-Unis, les entreprises s'adaptent aux nouvelles lois sur le net-zéro, en France, l'opinion publique se montre de plus en plus préoccupée par la consommation responsable. Dans ce contexte global, la nécessité d'une gestion plus humaine et responsable s'impose comme une priorité pour un avenir durable !
Retrouvez les 10 actualités RSE de la semaine dans cet article.

Passer d’un management du contrôle à un management de l’écoute

Brigitte Nivet est chercheuse associée au Cereq et professeure de management à l’ESC Clermont. Docteure en sciences de gestion et spécialiste des questions de management responsable, elle donne un entretien à Novethic.

Elle constate qu’il existe un choc entre une “vision mécaniste” du travail de la part des managers, qui pensent ce dernier en termes d’objectifs et de contrôle, et la vision d’un “travail vivant”, dans sa dimension fondamentalement humaine. Les crises adviennent quand ”la volonté de contrôle du management est en décalage avec la subjectivité des travailleurs”.

D’après elle, pour y échapper il est nécessaire que le management prenne le chemin de l’écoute, du débat et de la démocratie dans l’entreprise, mais aussi de s’attaquer à “la justice des rémunérations” pour repenser les équilibres de reconnaissance.

Aux US, les entreprises prennent le coche du net-zéro

Une enquête menée par EcoOnline révèle que 8 entreprises américaines sur 10 ont déjà lancé des programmes de développement net-zéro. On peut expliquer cette dynamique comme une réponse à la mise en place de la loi SB 253 par l’État de Californie, qui contraint les grandes entreprises au reporting extra-financier.

D’après un sondage d’EcoOnline, 73% des dirigeants américains interrogés voient dans la durabilité “une opportunité de croissance des revenus”, et 94% admettent qu’elle “renforce la valeur de leur marque”. Autrement dit, prendre de l’avance sur l’entrée en vigueur des obligations de reporting permet aussi à ces entreprises de tirer des bénéfices productifs des démarches de durabilité.

Enfin, on apprend dans l’enquête que 84% des entreprises envisagent d’avoir recours à un logiciel de collecte, d’analyse et de reporting de leurs données RSE “pour répondre aux exigences législatives”.

Des microplastiques repérés dans le Schweppes et le Coca

L’association Agir pour l’Environnement a publié une enquête qui indique la présence de 6 sortes de plastiques “sous forme de micro et nanoparticules” dans des bouteilles de Schweppes et de Coca-Cola. Après une série de relevés, ils ont prévenu les autorités sanitaires et les consommateurs.

Par analyse infrarouge ils décèlent 6 formes différentes de plastiques, alors même que l’entreprise n’en déclare que 2 au contact de la boisson. Une découverte “étonnante” selon l’association. Une hypothèse retenue est la dégradation du bouchon qui libère des microplastiques à mesure d’utilisation.

L’association Agir rappelle que les effets de l’ingestion de micro et nanoparticules par l’organisme humain sont encore mal documentés mais que cela représente “des risques significatifs pour la santé”.

Les faux-semblants de la critique économique de l’écologie

Les deux scientifiques Gilles Boeuf et Marc-André Selosse donnent une tribune au Monde dans laquelle ils fustigent la rhétorique consistant à reprocher à l’écologie politique de contraindre le pouvoir d’achat des populations. D’après eux, les surcoûts générés par l’impact des intrants chimiques sur les finances publiques “dépassent de beaucoup les gains de pouvoir d’achat” qui les justifient.

Leur argument est que les pollutions issues des activités agricoles et industrielles posent des problèmes de santé publique que l’État finance à travers son système de santé.

Ainsi, d’après une étude de la Commission européenne, en interdisant les substances chimiques les plus dangereuses on “économiserait entre 11 milliards et 31 milliards d’euros de santé publique par an en Europe”, qui compensent par dix fois le manque à gagner au niveau industriel.

La responsabilité écologique gagne du terrain dans l’esprit des français

L’Ademe et Greenflex ont publié un baromètre de la consommation responsable. Ce dernier montre l’évolution des mentalités françaises vis-à-vis des démarches écologiques et de durabilité depuis 20 ans. Cette étude a ceci d’intéressant qu’elle dresse ce bilan des perceptions de l’écologie à la lumière de la prise de conscience généralisée de la société qu’une transition durable est un impératif politique.

Alors qu’en 2004 les thématiques écologiques étaient souvent reléguées au second plan par les interrogés, ils sont à ce jour 70% en faveur de dispositifs de production et de consommation responsables, mais aussi plus sobres.

Ainsi, la notion de sobriété prend de plus en plus de place. Plus de 80% des interrogés estiment que les entreprises “incitent à la surconsommation”, et un sentiment de défiance vis-à-vis d’elles semble véritablement s’imposer.

Thaïlande : 260 € de prime à la consommation locale

Le gouvernement thaïlandais a décidé de verser la somme de 260 € (10 000 baht) à ses habitants les plus pauvres. Cet investissement dans la consommation des ménages est conditionné à des achats locaux, qui financent l’économie nationale. Ainsi, cette mesure vise une “relance la consommation, sans tomber dans le consumérisme”.

Ce dispositif de relance de la consommation coûterait plus de 11 milliards à l’État thaïlandais, à destination de plus de 45 millions de personnes qui vivent dans la précarité.

Cette dotation est une monnaie numérique, qui ne sera valable que six mois afin de pousser les bénéficiaires à dépenser plutôt qu’à épargner. L’économiste Jean-Christophe Duval y voit une bonne initiative, mais regrette que le Thaïlande n’aille pas plus loin en injectant “une monnaie sans dette, dont la contrepartie est écologique ou sociale”.

Un satellite SpaceX pour surveiller les émissions de GES

Le satellite Tanager-1 conçu par la NASA a décollé à bord de la mission Transporter-11 de SpaceX le 16 août dernier. Il est envoyé en orbite afin de détecter et tracer les émissions de carbone et de méthane autour du globe. Un projet qui vise à fournir des données précises en temps réel sur l’état d’avancement du réchauffement climatique.

Dit “hyperspectral”, ce satellite est capable de mesurer des données “à travers une large gamme de longueurs d'onde”, et ainsi identifier des super-émetteurs depuis l’espace avec une précision jamais atteinte auparavant.

D’une part, cette démarche de transparence entend accompagner les entreprises à mieux comprendre et identifier leur responsabilité environnementale. De l’autre, elle servira aussi à mesurer l’impact et l’efficacité des engagements climatiques et autres accords internationaux.

Recyclage des métaux nobles, la solution durable pour demain ?

Présents en très grande quantité dans les appareils électroniques, les métaux nobles sont coûteux et leur extraction très émissives en GES. Les bénéfices de leur recyclage sont doubles : d’une part, pour réduire l’impact environnemental de l’industrie minière, d’autre part pour réduire notre dépendance aux matières premières nouvelles.

Par exemple, l’association suisse Swico Recycling collecte et recycle chaque année près de 40.000 tonnes de ferraille électronique, équivalente à 10 millions d’appareils électroniques. La récupération des métaux nobles qui en sont issus permet de satisfaire 14 fois la demande nationale en smartphones par exemple.

En Suisse, près de 90% des appareils sont recyclés : cela représente annuellement 900 kg de métaux nobles et 21 600 tonnes de fer ou de cuivre.

Jeux Paralympiques : Paris face à l’enjeu de l’accessibilité

Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 (28 août - 8 septembre) posent avec une acuité redoublée la question de l’accessibilité de la ville aux personnes en situation de handicap. En particulier, le métro et ses innombrables stations sans ascenseurs, ses longs couloirs et ses espaces entre le quai et le marchepied.

A ce jour, seules 29 stations sur 320 répondent aux besoins d’accessibilité des personnes en situation de handicap. Toutefois, selon Île de France Mobilités les bus et tramway sont “à 100 %” équipés. Une situation qui demeure insatisfaisante et qui tend à marginaliser certaines personnes de divers services publics.

Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité chez APF France handicap, dénonce une situation où de trop nombreux quartiers ne sont pas suffisamment accessibles et va jusqu’à évoquer une “ségrégation”.

Projet australien de la plus grande centrale solaire du monde

Le gouvernement australien a annoncé le lancement d’une ferme solaire qui se veut la plus grande du monde, prévoyant son installation sur une surface de 12 000 hectares. Elle comprendra des panneaux solaires mais aussi des batteries et un grand câble qui devra relier l’Australie à Singapour.

Après installation, le projet devrait produire 4 gigawattheures d’énergie en direction de la demande nationale afin d’alimenter 3 millions de foyers. Il est également prévu que 2 gigawattheures soient envoyés vers Singapour.

Très affectée par le changement climatique, l’Australie rejoint ainsi l’effort international pour gagner davantage d’indépendance vis-à-vis des énergies fossiles, qui représentent encore une part largement majoritaire de sa production électrique.

Les sources