Dans les actualités RSE de cette semaine, on parlera de l'équité salariale et la transparence dans les entreprises pour jouer un rôle clé dans l'amélioration du climat interne.
À côté de ces enjeux sociaux, la transition énergétique connaît une belle croissance en termes d'emplois, bien que certains secteurs soient en déficit financier…
Des entreprises comme Crédit Mutuel et MAIF réinventent la répartition des bénéfices en les allouant à des projets écologiques et sociaux.
Bref, retrouvez les 10 actualités RSE de la semaine du 23 septembre 2024.
L’équité salariale bénéficie à la vie de l’entreprise
La sociologue Elise Penalva-Icher donne un entretien à Novethic, dans lequel elle revient sur ses enquêtes et ses travaux de recherche portant sur les rémunérations. Elle soutient que “Les écarts de salaire placent symboliquement les dirigeants hors de leur entreprise”.
Les frustrations salariales tiennent d’abord à la grande complexité du système de rémunération : grilles, primes, intéressement, participation... autant de dispositifs souvent mal compris par les salariés.
Elle rappelle aussi le poids de la perception des salaires sur le sentiment d’équité parmi les collaborateurs. Les écarts de salaires ne sont pas inacceptables, mais doivent être “justifiés par des principes entendables” pour être acceptés.
Enfin, elle constate une demande croissante de transparence et d’équité des politiques de rémunération, profitables à un climat de bonne entente à toutes les échelles dans l’entreprise.
421 000 emplois durables recensés en France !
L’Ademe, dans son étude annuelle sur les marchés et les emplois associés à la transition énergétique, travaille sur le poids des secteurs que sont :
- Les transports sobres et peu émetteurs
- Les bâtiments
- Les énergies renouvelables
Leur dernière étude (période 2020 à 2022) révèle que ces trois secteurs accumulent un chiffre d’affaires de 113 milliards d’euros en 2022. C’est 3.6 fois plus qu’en 2006.
Par ailleurs, et calculés en équivalent temps plein, ils regroupent 421 300 “emplois directs associés” en 2022, soit 24% de plus qu’en 2020.
Cependant, bien que leur chiffre d’affaires soit en forte augmentation, le déficit se creuse dans ces secteurs et représente une somme de 18 milliards d’euros, dont deux tiers sont imputables à l’importation de véhicules électriques.
C’est quoi des dividendes “écologiques et sociétaux” ?
La banque Crédit Mutuel Alliance Fédérale et l’assureur MAIF ont décidé en 2023 d’allouer chaque année une part importante de leurs bénéfices au profit d’initiatives et de projets à impact positif en matière d’environnement ou d’utilité sociale. Une manière d’envisager “la planète comme actionnaire” de l’entreprise.
Par exemple, à la MAIF cela a représenté 10% de son résultat net, soit 8.2 millions d’euros. Ce montant a notamment été investi dans des projets de protection de la biodiversité.
Dans un contexte de responsabilisation croissante des entreprises en matière d’impact social et environnemental, ce dispositif de dividendes responsables est un moyen concret et directement efficace pour elles de s’engager en ce sens. Enfin, il est une réponse aux débats sur le partage de la valeur, offrant l’occasion d’une meilleure répartition des dividendes entre les actionnaires et des projets d’intérêt général.
Gros retard des entreprises sur le calcul des émissions scope 3
Une étude Censuswide pour Sweep et Capgemini s’est penchée sur le rapport qu’entretiennent les entreprises à la nécessité d’une transformation durable de leurs modèles d’affaires. Il en ressort un écart étonnant entre une prise de conscience très forte, et des prises de décision parfois trop timides en matière de durabilité.
L’étude interroge des entreprises françaises, américaines, allemandes et britanniques. Il en ressort que 81% des sondés admettent que leur viabilité est directement liée à leur capacité d’adaptation à une nouvelle réalité économique.
Toutefois, 47% d’entre-elles affirment être “frustrées” par la complexité des indicateurs et des obligations de reporting. Enfin, la cartographie des émissions scope 3, qui représentent en moyenne 70% de l’impact des entreprises, n’est pas effectuée par 72% des interrogées. Une situation qui les empêche de penser leur impact d’un point de vue global.
Augmentation du nombre d’accidents industriels à impact environnemental
France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement, alerte cette année sur la hausse du nombre d’accidents et d’incidents industriels. En 2023, elle recense 404 accidents et 840 incidents, des chiffres en hausse par rapport à 2022, que l’ONG explique par un ”manque de contrôles” des installations.
À ce jour, 500 000 installations industrielles ou agricoles sont “classées”, c’est-à-dire identifiées comme des sites à risque pour l’environnement, la santé ou la sécurité.
“En 2023, 73 % des accidents ont en effet entraîné un rejet de matières dangereuses et 68 % ont eu des conséquences environnementales”.
4 solutions RSE à mettre en place dans l’entreprise
La RSE arrive à un certain point de maturité dans les entreprises françaises, les solutions innovantes pour la rendre concrète aussi :
- Le mécénat de compétences : Consiste à mettre un collaborateur à disposition d’un projet d’intérêt général sur son temps de travail.
- Congé de mobilité responsable : Donner des demi-journées de congés supplémentaires aux collaborateurs qui voyagent avec des mobilités responsables, évitant ainsi l’avion.
- Dividende écologique et social : Consiste à céder une part de ses bénéfices pour financer des projets durables.
- Meilleure transparence salariale : Avant embauche et au sein de l’entreprise, un droit à la transparence des salaires sera bientôt une directive européenne contraignante.
Ralentissement de l’investissement responsable des français
Le sondage annuel de l’Ifop et du FIR (Forum pour l’Investissement Responsable) révèle une tendance à la baisse pour les produits durables chez les investisseurs et épargnants français. Plus précisément, les enjeux de durabilité tendent à passer au second plan des priorités d’investissement.
L’investissement responsable a perdu sa place sur le podium des enjeux prioritaires. Le changement climatique n’arrive que quatrième, derrière le bien-être au travail et les droits humains.
Toutefois, la majorité des épargnants interrogés (51% d’entre-eux) déclarent se soucier des impacts environnementaux de leurs placements. Ils étaient 59% l’an dernier, et encore davantage avant 2023.
Cette tendance est expliquée par les incertitudes et instabilités politiques et économiques que traversent la France ces derniers mois.
Bras de fer tendu entre les GAFAM et l’UE
Meta, maison mère de Facebook et Instagram, a pris la tête d’un mouvement de contestation emmené par des entreprises de la tech qui accusent l’Europe d’entraver l’innovation et la compétitivité du privé. En cause, les normes européennes liées au règlement DMA (Digital Market Acts), accusées d’en être à l’origine.
Ce lobbying s’est traduit par la suspension en Europe par Meta et par Apple de leurs assistants d’intelligence artificielle, jusqu’à nouvel ordre. Meta en vient même à affirmer que Bruxelles “rejette le progrès”.
L’UE répond qu’en réalité, sa démarche est celle d’une unification des normes nationales en un seul package réglementaire profitable à la coopération et à l’innovation des entreprises européennes de la tech. De plus, que ces géants du numérique ne renonceront jamais à un marché de “450 millions d’habitants plutôt riches”.
MSCI ne résiste par à la réglementation européenne
Le grand fournisseur américain de services financiers qu’est MSCI va retirer les mentions “ESG”, “impact” ou encore “durabilité” du nom de ses indices. Anticipant un durcissement des réglementations européenne et britannique en la matière, le plus grand fournisseur d’indices en Europe pour les ETF (fonds de placement) s’incline face à ces dernières.
Ce sont les nouvelles lignes directrices de l’ESMA (Autorité européenne des marchés financiers) qui obligent au respect de critères précis pour parer de “durabilité” un fonds d’investissement.
Une victoire pour le régulateur européen qui contraint les démarches d’investissement durable au respect de normes élémentaires : l’exclusion des valeurs pétrolières et une proportion d’au moins 80% d’investissements responsables dans les fonds qui se présentent comme “verts”.
La loi européenne contre la déforestation sous pression
La loi européenne contre la déforestation importée doit entrer en vigueur le 31 décembre prochain. Très contraignante pour certaines entreprises, elle subit de fortes pressions pour reporter la date de sa mise en application.
Cette norme vise à mettre un terme à l’importation dans l’UE de produits issus de la déforestation : “le cacao, le café, le soja, l’huile de palme, le bois, la viande bovine mais aussi le caoutchouc”. Des produits parfois essentiels aux modèles d’affaires de certains géants européens.
L’Allemagne a notamment rejoint le mouvement des contestations internationales, arguant qu’il en allait de la survie de certaines entreprises dont les chaînes d’approvisionnement seraient gravement menacées par cette loi. De l’autre côté, et alors que la présidente de la Commission serait sur le point de reculer, les députés écologistes alertent sur le potentiel “écocidaire” d’un tel recul.
Les sources
Carenews “L’Ademe recense 421 000 emplois liés à la transition énergétique en France”
L’info durable “Dividendes écologiques et sociétaux : la Terre comme actionnaire“
RSE Magazine “En France, 1 entreprise sur 6 ne cartographie toujours pas ses émissions”
Youmatter “404 accidents industriels dans les installations classées en 2023”
Carenews “Inclusion, social, écologie... Six innovations RSE pour votre entreprise “
L’Agefi “MSCI retire le terme ESG du nom de ses indices”
Novethic “La loi européenne contre la déforestation importée pourrait bien finir dans le buisson”