Actualités RSE du 29/07/2024

Charles Lorin
August 2, 2024

Bienvenue dans notre récapitulatif des dernières actualités en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises.

G20 : accord historique pour taxer les ultra-riches

Les ministres des finances du G20 se sont entendus sur un renforcement de la fiscalité internationale sur les milliardaires. Un projet qui vise à engager des mesures de coopération à l’échelle globale pour financer la transition écologique et sociale. Il s’agirait d’une démarche totalement inédite tant dans sa dimension de gouvernance internationale qu’en termes de fiscalité.

La philosophie de cette mesure est d’instaurer une fiscalité progressive et plus juste, afin de renforcer la capacité des États à taxer les plus riches qui profitent bien souvent de niches fiscales pour échapper à l’impôt, tel que le révèle un rapport de l’Institut des Politiques Publiques en France.

Pour l’heure, les États ne s’entendent pas sur les modes de mise en œuvre de l’initiative. Pourtant, un impôt minimal de 2% sur les 3000 contribuables les plus riches rapporterait potentiellement 235 milliards d’euros par an (Observatoire européen de la fiscalité).

Les 4 types de dirigeants face aux enjeux de RSE

Colette Ménard, directrice scientifique au sein du collectif de chercheurs Stim, propose une typologie des dirigeants selon leur niveau d’effort et de prise de risque face aux enjeux de RSE.

L’optimiseur : N’ont ni la volonté, ni le besoin d’adopter une politique RSE. Leur objectif est l’optimisation des profits.

Le performer : Ne prennent que des risques qui, après calculs, seront rentables dans la durée. Investissent dans la R&D à des fins exclusivement financières.

Le supporter : S’intéressent à la RSE dans une perspective d’investissement à risque, cherchant de nouveaux relais de croissance plutôt que de nouvelles manières d’adapter leur modèle.

Le game changer : Plus rares, ce sont les entrepreneurs qui “cassent les codes établis” en prenant des risques importants, et qui renouvellent totalement les chaînes de valeurs avec des idées et techniques innovantes.

CSRD : la difficile adaptation des entreprises à la double matérialité

L’Efrag (Groupe consultatif européen sur l'information financière) a récemment publié un rapport qui effectue l’analyse des pratiques de mise en conformité des entreprises à la CSRD. Il en ressort que la notion de double matérialité, et en particulier la matérialité d’impact, pose des difficultés d’adaptation aux services responsables du sujet.

L’innovation de la directive européenne est la double matérialité : à la fois financière et aussi “d’impact” (sur l’environnement, par exemple). D’après le rapport, celle-ci “est plus susceptible d'être affectée par le manque de données et de méthodologies spécifiques”.

Autrement dit, les entreprises doivent généralement avancer dans un certain flou, n’ayant pas à leur disposition les outils permettant de collecter avec fiabilité et efficacité les données d’impact les plus pertinentes.

Jeudi 1er août : le jour du dépassement

Ce jeudi 1er août, la Terre a consommé l’ensemble des ressources qu’elle est en mesure de produire en une année. La “biocapacité” de la planète, comparée à l’intensité de la productivité humaine, fournit à l’ONG Global Footprint Network les données qui lui permettent d’identifier ce “jour du dépassement”.

La date à laquelle les activités humaines épuisent la biocapacité de la Terre a beaucoup fluctué depuis les années 1970, où elle était encore située un 29 décembre. Cette année, elle recule d’1 jour par rapport à 2023.

Cette évolution traduit l’inertie du système de production économique mondial et la difficulté qu’ont les États à le réguler. En dépit d’un volontarisme affiché et de mesures politiques parfois très ambitieuses, les ressources planétaires demeurent surexploitées, ce qui n’est pas sans effet sur les écosystèmes et sur le climat.

Protéger la biodiversité, c’est protéger l’humanité

La scientifique et écologue Sandra Lavorel, médaillée d’or 2023 du CNRS, donne un entretien au Monde où elle s’exprime sur le rôle essentiel de la biodiversité sur le bien-être des sociétés humaines. En effet, les secteurs majeurs de la production de nourriture sont fortement impactés par un appauvrissement de la biodiversité : la pêche et l’agriculture par exemple.

La scientifique évoque la “sixième crise d’extinction de la biodiversité”, dont les humains seraient responsables à 80% en raison de leur usage intensif des sols et des mers.

Enfin, elle affirme que sans biodiversité riche on rencontrera dans l’avenir de réelles difficultés à correctement nourrir tous les hommes. “Il sera plus difficile et plus cher de produire de la nourriture”, ce qui constitue en plus un défi de santé publique.

Les crédits carbone, inefficaces ?

La SBTi (Science Based Targets Initiative) s’est prononcée sur l’inefficacité des crédits carbones à lutter contre les émissions des sociétés. Cette prise de position advient dans un contexte polémique, où les collaborateurs de la SBTi ainsi que des ONG lui reprochaient d’envisager d’intégrer le recours aux crédits carbones à leur taxinomie.

Ainsi, ils se positionnent contre l’usage des crédits carbone, jugés “inefficaces” et vus comme de potentiels “risques” de ralentir la transition des entreprises vers la neutralité.

Au cœur de cette condamnation réside une vive critique du mécanisme de compensation carbone, susceptible de se transformer en véritable greenwashing. D’autant que le consensus scientifique est clair depuis longtemps : “les crédits carbone ne devraient pas être utilisés pour compenser des émissions fossiles" (Doreen Stabinsky, membre du conseil technique de la SBTi).

Le canicule arrive en France... pendant les JO !

Alors que la France semblait échapper aux vagues de chaleurs qui frappent la plupart des pays du globe, c’est pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024 que la canicule s’est décidée à arriver. Un danger pour les travailleurs en plein air autant que pour les athlètes, soumis à des conditions météorologiques parfois extrêmes.

Un récent rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) conclut que, partout dans le monde, le nombre de travailleurs exposés à des chaleurs excessives est en augmentation.

Dans ce même rapport on apprend que le “stress thermique est un tueur invisible et silencieux qui peut rapidement provoquer une maladie, un coup de chaleur ou même la mort”. Il s’agit d’un véritable défi d’adaptation à relever pour les entreprises, afin de protéger leurs collaborateurs de tels risques professionnels.

Légère hausse de l’emploi des personnes handicapées

L’Agefiph, une association qui œuvre pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées, a publié son Observatoire de l’emploi et du handicap, un tableau de bord mis à jour annuellement en collaboration avec l’INSEE.

Leur premier constat est qu’en dépit d’un ralentissement de l’activité économique, le taux de chômage des personnes handicapées résiste (12%), et que leur taux d’activité (45%) et d’emploi (39%) sont en légère progression par rapport à 2022.

Pourtant, le taux de recrutement des personnes en situation de handicap a diminué en 1 ans (-6%). En comparaison, pour l’ensemble de la population ce taux est de -4%. Toutefois, cette baisse est compensée par leur bon maintient dans l’emploi.

Ces chiffres traduisent le travail encourageant mené par la société et les entreprises pour l’insertion professionnelle de tous, bien que des efforts restent à fournir.

Révolution de la méthode de recyclage des batteries

Des scientifiques de l’université américaine de Rice spécialistes en chimie et science des matériaux ont révolutionné la méthode de recyclage des batteries au lithium. Grâce à leur innovation, on pourrait désormais récupérer jusqu’à 98% des métaux précieux contenus dans ces réservoirs à énergie !

C’est avec une méthode de chauffage par flash Joule (FJH) qui amène les batteries usagées à 2 500 Kelvin qu’une réaction chimique sépare proprement les matériaux, et ce à moindre coût énergétique.

Avec l’explosion de la demande en batteries au lithium-ion, la démocratisation d’une telle avancée technique permettrait de réduire significativement leur impact environnemental. “Plus efficace et moins coûteuse”, cette méthode devrait rapidement gagner en autorité autour du globe.

Les entreprises déterminées à mieux financer les solutions durables

Sony Professional Displays and Solutions Europe a publié une étude qui met en valeur la disposition très favorable des entreprises à investir dans des solutions vertes. Si l’étude interroge surtout la volonté des sociétés à les adopter, et non leur engagement effectif, cela traduit au moins une évolution des priorités du monde de l’entreprise.

En effet, les résultats affichent que la majorité des boîtes françaises et européennes seraient prêtes à s’acquitter d’un surcoût de 20% pour des “produits audiovisuels fabriqués de manière durable”. Un chiffre qui monte à 50% pour près de la moitié d’entre-elles.

Enfin, l’étude révèle que 38% des entreprises interrogées prennent en compte les enjeux de durabilité “dès la sélection des fournisseurs et la négociation des prix”. Un chiffre encourageant dans un contexte d’accentuation des pressions normatives et économiques.

Les sources

Novethic “Taxation des ultra-riches : un accord inédit au G20”

Courrier cadres “Face à la transition écologique, découvrez 4 typologies de dirigeants”

Novethic “CSRD : les difficultés de la matérialité d’impact pointées par l’Efrag”

L’info durable "Jour du dépassement" : ce jeudi, l’humanité a consommé tout ce que la Terre peut produire en une année”

Le Monde, Entretien de Sandra Lavorel du 27 juillet 2024

L’info durable “Les crédits carbone jugés "inefficaces" par le plus important label d'objectifs climatiques des entreprises“

Novethic “La canicule s’abat sur les JO, mais aussi sur les travailleurs, de plus en plus exposés”

Carenews “Le taux d’emploi des personnes handicapées en légère hausse”

RSE Magazine “Batteries : 98 % des métaux vont pouvoir être recyclés !”

RSE Magazine “Les entreprises prêtes à payer le prix fort pour être plus vertes”